Gabon : À quand des poursuites sur les détournements des fonds covid-19 ?
Alors que les regards semblent focalisés sur les cas des BLA Boys, d’aucuns se demandent à quand des poursuites contre les personnes mises en cause dans la gestion des fonds covid-19 évalués à 177,2 milliards de FCFA décaissés par l’Instrument de Financement Rapide (IFR) du FMI. Les services judiciaires pourraient s’appuyer sur les audits de Deloitte Touche Tohmatsu qui démontrent une gestion des plus calamiteuses.
Au Gabon, la session criminelle 2024 fait les choux gras de la presse avec les procès à la pelle contre Brice Laccruche-Alihanga et tous les individus ayant appartenu à son cercle. Pourtant, à l’aune de l’opération dignité menée par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) qui vise à assainir les finances publiques et à responsabiliser les pilleurs de l’État, l’occasion de faire la lumière sur la gestion des fonds covid-19 évalué à 177,2 milliards FCFA.
Où sont passés une partie des fonds covid-19 ?
C’est la question qu’il conviendrait de se poser. Estimés à 177,2 milliards de nos francs, ces montants ont été dépensés majoritairement en charges de fonctionnement et contre très peu en investissements. Pourtant, un audit réalisé par Deloitte Touche Tohmatsu a permis de mettre en exergue des écarts énormes entre les chiffres rendus publics par Guy Patrick Obiang Ndong avec des dépenses injustifiables et ceux issus d’un calcul rationnel.
Toute chose qui fait le lit à des soupçons de détournements de ces fonds à des fins personnelles voire besogneuses. Sinon, comment expliquer le paiement des services non fournis ? Autant dire que le ministre de la Santé de l’époque et l’ensemble de la chaîne du Copil-Coronavirus, devraient répondre de ces errements aux allures criminelles tant des milliards de FCFA se seraient ventilés entre leurs mains. Une enquête du CTRI ferait bouger les lignes et pourrait aboutir à la mise hors d’état de nuire ceux qui avaient « pillé l’État ». La justice gabonaise est attendue à l’œuvre.
Guy Patrick Obiang and Co rattrapés par leurs dérives ?
Incriminant de manière insidieuse les gestionnaires de ce Fonds dont le bilan de la gestion avait été réclamé à cor et à cri par les acteurs politiques et de la société civile, le gouvernement de transition vient donc de jeter en pâture l’ancien ministre de la Santé et sa suite. Ces derniers devront par la force des choses, faire ce pourquoi ce Fonds avait été créé. Un Fonds qui on le rappelle avait notamment été financé à hauteur de 177,2 milliards de FCFA par l’Instrument de Financement Rapide (IFR) du FMI, dont 32,2 milliards de FCFA versés dès avril 2020 dans son compte bancaire logé à la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Dans l’urgence face aux nombreuses difficultés rencontrées par les populations dans un domaine de la santé qui verra son budget prévisionnel passé de 149 à 131 milliards de FCFA entre 2023 et 2024, les autorités de transition entendent donc user de tous leurs moyens de coercition, pour contraindre les responsables de ces dérives à financer ces infrastructures sanitaires qui manquent cruellement notamment dans l’arrière pays. Une façon astucieuse de rappeler également aux personnalités récemment nommées, qu’elles ont un devoir d’intégrité vis-à-vis des populations.