Élections 2025 : le pari de la neutralité pour l’Union européenne au Gabon

Au cours du processus électoral qui tire à sa fin, l’Union européenne revendique une position nette au Gabon : soutenir les capacités locales sans s’ériger en juge du processus. Dans un entretien accordé à L’Aube (n°438, 6 octobre 2025), l’ambassadrice de l’Union européenne au Gabon Cécile Abadie assume une diplomatie du « soutien sans ingérence » : appui technique ciblé, neutralité publique pendant l’entre-deux tours, et rendez-vous après le scrutin pour des recommandations concrètes.
Plutôt que de déployer une mission d’observation institutionnelle, l’Union européenne a choisi de financer une mission citoyenne indépendante, tout en renforçant les capacités des institutions et des médias. Doté d’une enveloppe d’environ 3,5 millions d’euros (2,3 milliards FCFA), ce soutien s’articule autour de deux axes : l’accompagnement des réformes institutionnelles — avec un appui technique à l’ACER et à la justice constitutionnelle — et la formation des acteurs médiatiques et civils sur la déontologie, la vérification de l’information et les usages encadrés de l’intelligence artificielle.
Une approche assumée par la diplomate européenne Cécile Abadie. « Nous suivons avec attention, sans commenter publiquement. Le cadre gabonais prévoit ses autorités compétentes. Notre rôle est d’appuyer, pas d’arbitrer », a-t-elle résumé.
Renforcer la confiance, pas se substituer
Le cap affiché par l’Union européenne est clair : crédibiliser le maillon local du processus démocratique gabonais. Cela passe par l’outillage des parlementaires impliqués dans les réformes constitutionnelles et organiques, l’accompagnement méthodique des observateurs citoyens dans la collecte et le traitement des incidents électoraux, ainsi que la formation ciblée des rédactions sur la couverture des procurations, l’accès aux procès-verbaux et la pédagogie des règles électorales.
Cette stratégie vise à instaurer un cycle vertueux fondé sur la compétence et la confiance : des institutions renforcées, des médias mieux outillés et une société civile organisée. L’objectif, pour Bruxelles, n’est pas d’intervenir mais de créer les conditions d’une transparence électorale durable, portée par les acteurs nationaux eux-mêmes.
Après le 11 octobre : la boîte à outils des réformes
Sans préempter le verdict des urnes, l’Union européenne prépare un ensemble de recommandations post-scrutin, fondé sur les observations de la mission citoyenne et des rédactions formées. Elles concernent la traçabilité des procurations, la standardisation de la publication des résultats, le renforcement des capacités de l’ACER et la professionnalisation des médias à travers des dispositifs de fact-checking et des protocoles anti-emballement.
L’ambition est de consolider une pratique électorale crédible, appuyée sur des règles claires, des procédures vérifiables et des institutions outillées. Pour Cécile Abadie, ambassadrice de l’UE, la voie est tracée : « La sortie par le haut repose sur des pratiques transparentes et une appropriation nationale. Nous resterons au soutien, dans le respect des priorités du Gabon. »
GMT TV