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Distribution de sucres : entre circuit de distribution de l’opérateur et blocages à la DGC, qu’est-ce qui coince ?

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Alors que des pays comme le Royaume d’Eswatini avec plus de 650 000 tonnes, l’Égypte, la Zambie, l’Éthiopie, le Zimbabwe ou encore le Kenya, produisent à minima 400 000 tonnes de sucres par an, exportant une bonne partie tout en renflouant au passage les caisses de leurs Etats respectifs, au Gabon, la situation est tout autre. Le pays peine depuis plusieurs années à assurer une distribution locale de façon optimale. Malgré la cession des actifs de Sucaf au groupe turc MFB, rien n’y fait, le sucre manque toujours dans les tasses. Si Parfaite Amouyeme Ollame épouse Divassa a récemment fustigé la stratégie de distribution « chaotique » de l’opérateur, la réponse pourrait tout aussi bien être la faiblesse structurelle de la direction générale du commerce (DGC).

Dans un rapport publié en novembre 2023, l’agence ecofin avec le concours de spécialistes, indiquait « l’Afrique peut gagner le pari d’une industrie sucrière intégrée et autosuffisante grâce à la Zone libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ». Celle-ci peut effectivement, si tant est qu’elle voit enfin le jour, « permettre à l’Afrique d’atteindre son autosuffisance en sucre, non seulement en favorisant une meilleure répartition des flux commerciaux entre les zones excédentaires et celles structurellement déficitaires, mais aussi en ayant un effet incitatif sur la production et la transformation de cette denrée alimentaire de base ». Mais pour y arriver, des efforts nationaux doivent être effectués de concert. 

Au Gabon par exemple, le sucre, à l’image de l’huile pourtant produite localement, est très souvent en rupture sur le marché. Rationné par des opérateurs peu scrupuleux, qui n’hésitent pas à spéculer sur son prix. C’était déjà le cas avec la compagnie Sucaf, filiale de SOMDIAA, et c’est encore le cas avec Les Sucreries du Gabon, filiale du turc MFB. Les mêmes causes produisent les mêmes effets dit-on. Alors intéressons-nous aux causes de cette situation. Dans un circuit que l’on qualifierait de normal, la DGC, dont les missions vont d’assister, orienter et conseiller les opérateurs économiques à concevoir et faire appliquer les mesures susceptibles de promouvoir les bonnes pratiques commerciales au Gabon, jouerait un rôle de pivot dans le circuit de distribution, elle ne s’en exclurait pas volontairement.

La DGC aux abonnés absents, la tutelle tire à boulets rouges sur l’opérateur économique

De plus, elle proposerait et mettrait en œuvre toutes mesures de facilitation des échanges commerciaux, réaliserait des études sectorielles liées aux activités commerciales en collaboration avec les autres administrations compétentes. Mieux encore, elle s’assurerait de l’amélioration des réseaux de distribution en soutenant le développement des infrastructures logistiques et de transport pour faciliter la circulation des produits, créerait des points de vente et des centres de distribution pour favoriser un accès équitable aux produits. Hélas, pour cela, il faudrait qu’elle ait conscience de sa mission. En tirant à boulets rouges sur Les Sucreries du Gabon, partenaire stratégique de l’État gabonais et qui s’est engagé à investir 11 milliards de FCFA à travers un plan d’investissements, la ministre du Commerce, Parfaite Amouyeme Ollame épouse Divassa fait mine d’ignorer que le problème de fond se situe probablement à son niveau. 

En qualifiant de « chaotique » la stratégie de distribution du sucre sur le marché local du groupe MFB « Les Sucreries du Gabon » dont elle avait convoqué les responsables, trois semaines seulement après que ceux-ci eurent réceptionné deux cargaisons totalisant 12 200 tonnes de sucre achetées à leurs frais, la ministre s’est quelque peu fourvoyée. C’est bien d’appeler les responsables de MFB à plus de professionnalisme dans la distribution du produit, mais ce serait encore mieux d’œuvrer à la mise en place de circuits de distribution propres à l’État gabonais. Ce qui permettrait d’assurer une distribution optimale de ce produit de première nécessité.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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