Diplomatie : le Gén. Oligui Nguema à l’assaut de l’Europe
De paria aux yeux du monde il y a encore 10 mois après le renversement de l’ordre constitutionnel par les forces de défense et de sécurité, le spectaculaire coup de force diplomatique opéré par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a porté ses fruits au plan africain. En effet, Après avoir brillamment réussi à convaincre ses pairs du bien-fondé de ce coup, l’inépuisable Oligui Nguema se lance désormais à l’assaut du continent européen, avec là aussi des objectifs politiques clairs : rassurer Paris, l’Europe et l’Occident quant aux objectifs que s’est fixés le CTRI dans un délai de deux ans.
Bien que le déplacement du président de la Transition en France revêt un fort volet économique, avec notamment le Forum Gabon – France préparé en amont par le ministre de l’Economie et des Participations Mays Mouissi, au plan politique, ce déplacement s’inscrit dans la continuité d’une démarche de pédagogie visant à convaincre les partenaires sur la particularité du coup d’Etat gabonais et sur les objectifs poursuivis par les militaires au pouvoir. Si au plan africain la levée des sanctions de l’Union africaine reste le dernier verrou au tableau de la diplomatie gabonaise, la rencontre à l’Elysée entre Emmanuel Macron et Brice Clotaire Oligui Nguema constitue une nouvelle étape dans cette marche vers la reconnaissance internationale du leadership du chef de la Transition.
Un succès diplomatique conforté par des garanties de retour à l’ordre constitutionnel
Alors que le Premier ministre de Transition, Raymond Ndong Sima, œuvre en Serbie pour sortir le pays de la dépendance au plan alimentaire, le président de la Transition poursuit le processus de normalisation avec la France, qui avait condamné le renversement de l’ordre constitutionnel. Si lors de la rencontre entre les deux chefs d’Etat à Dubaï en décembre dernier, la Transition au Gabon avait déjà alimenté les débats, c’est en partenaire rassurant que Brice Clotaire Oligui Nguema s’apprête à fouler le sol français, car galvanisé par des résultats du processus de Transition plus que positifs.
En effet, le Gabon a mis un point d’honneur à soigner sa crédibilité en s’attelant 10 mois durant à rassurer les partenaires politiques et financiers, en fixant des perspectives claires de sortie de crise, en garantissant la sécurité de l’ancien président de la République et celle de ses proches, en associant toutes les forces vives de la nation au processus de transition en cours dont la réussite du dialogue national inclusif en est la matérialisation. Un schéma de normalisation progressive dont la forte amélioration de la position du Gabon dans le classement de Reporter sans frontières (RSF) en est la parfaite illustration. Autant d’efforts qui ont certainement pesé dans la balance pour que cette rencontre soit rendue possible.
Le Gabon en opération de séduction à Paris
D’un point de vue stratégique, l’étape française du processus de normalisation des relations multilatérales et bilatérales revêt un intérêt majeur pour le Gabon. En effet, ce partenaire privilégié de Libreville est un membre influent au sein de l’Union européenne. Par ailleurs, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, il est dans l’intérêt du Gabon post-coup d’état d’entretenir des relations privilégiées avec Paris et d’autres membres de ce cercle restreint afin d’asseoir durablement sa légitimité sur la scène internationale.
En outre, en dépit de sa perte d’influence dans ses réseaux francophiles, la France dispose toujours de partenaires solides en Afrique auprès de qui elle pourrait intercéder afin que les sanctions de l’Union africaine contre le Gabon soient levées. Toutefois, si cette démarche peut avoir des avantages pour le Gabon, les autorités gabonaises qui s’apprêtent à renforcer le poids économique de la France dans le pays, devraient cependant agir avec lucidité, afin d’éviter au pays les errements du passé tels que l’immixtion des « Messieurs Afrique de l’Elysée » dans les affaires internes du Gabon.
