Burundi : déjà plus de 900 concubines chassées des foyers
Au Burundi, les autorités ont lancé une opération de séparation des couples en concubinage dans deux provinces du nord du pays, invoquant la nécessité de restaurer « l’ordre moral et chrétien ». Cette initiative, rapportée par Radio France Internationale (RFI), vise à encourager les populations à se marier et à s’éloigner du péché. À ce jour, elle a déjà conduit à l’expulsion de 900 concubines de leurs foyers.
L’opération s’inscrit dans la continuité des politiques initiées sous le magistère du défunt chef de l’État Pierre Nkurunziza. Le couple présidentiel actuel, Evariste Ndayishimiye et Angeline Ndayishimiye, fervents catholiques, ont à leur tour prôné la fin du concubinage pour un retour à des valeurs morales strictes. La campagne de moralisation a particulièrement marqué la province de Ngozi, où l’opération, entamée il y a quelques mois, a abouti à l’expulsion de plus de 900 concubines.
900 couples séparés pour la restauration des valeurs morales
Le gouvernement de la province de Ngozi, Désiré Minani a déclaré avoir mené une phase de sensibilisation et d’explications en novembre 2023 avant de passer à l’action au début de l’année 2024. En mars dernier, 237 concubines avaient été chassées, mais ce nombre a quadruplé en avril, atteignant plus de 900 expulsions « Nous avons fait sortir 900 concubines, entre autres, des communes de la province de Ngozi. Notre objectif a été atteint à plus ou moins 85 %. Nous avons également 3600 enfants affectés par le concubinage à Ngozi ». Dans la deuxième province concernée, Kayanza, la chasse aux concubines a permis de séparer près de 200 couples.
Après l’expulsion des concubines, souvent dénoncées par leurs voisinages, les autorités imposent aux hommes de vivre avec leur première femme, tandis que les concubines sont renvoyées chez leurs parents. Ce processus rencontre des complications, notamment pour les enfants issus de ces unions et le retour des femmes dans leurs familles. Des difficultés reconnues par le gouverneur de Ngozi. « Nous avons trouvé des concubines dont les parents sont décédés et dont les frères et sœurs ne les acceptent pas dans leur ménage ». L’avenir des enfants issus de ces foyers constitue un véritable casse-tête pour l’administration. « Nous sommes en train de conjuguer les efforts avec les partenaires techniques et financiers de la province pour essayer de collecter les moyens nécessaires à faire scolariser les 3600 enfants qui risquent d’être une bombe à retardement si rien n’est fait », a-t-il ajouté.
Malgré les obstacles et les critiques, les autorités ne comptent pas abandonner cette politique. Le gouverneur de Ngozi a d’ailleurs affirmé que « tous les concubins qui seront découverts à partir de maintenant seront considérés comme des criminels ». Une déclaration qui souligne la détermination des autorités à poursuivre cette campagne de moralisation.