Assemblée constituante : 801 amendements, le « Non » assumé par les parlementaires ?
Si l’Assemblée constituante gabonaise a récemment adopté, presque à l’unanimité, le rapport général de l’avant-projet de nouvelle Constitution, il reste que les parlementaires ont subtilement exprimé leur refus. Puisque ce ne sont pas moins de 801 amendements qui ont été introduits. Révélant que le texte annoncé taillé en fonction des aspirations des populations enregistre encore d’énormes aspérités.
Comment peut-on prétendre être prêt à donner le Oui au référendum tout en ne donnant pas son quitus passif à la monture de la nouvelle Constitution ? C’est la gymnastique intellectuelle exercée par les parlementaires nommés par le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. D’ailleurs, l’hémicycle a démontré une forte opposition à ce texte jugé antidémocratique car ne donnant aucun gage de la séparation des pouvoirs.
Jean Valentin Leyama et Geoffroy Foumboula pour une séparation stricte des pouvoirs !
C’est la position claire du député de la Transition, Jean-Valentin Leyama qui ne cache pas son mécontentement. Dans une récente interview accordée à Radio France Internationale (RFI) dont le propos a été repris par L’Union dans sa livraison du mardi 24 septembre 2024, ce dernier a souligné que la structure actuelle du pouvoir, où le président de la République concentre des prérogatives, compromet la séparation des pouvoirs. Selon lui, la Constitution est « taillée sur mesure » et reflète un recul démocratique alarmant depuis 1991.
Vice-président de l’Assemblée nationale de la transition, Geoffroy Foumboula Libeka Makosso partage également ces préoccupations. Bien qu’il reconnaisse que l’avant-projet ne représente pas une réelle avancée en matière de séparation des pouvoirs, il appelle néanmoins à un plaidoyer plus affirmé pour qu’une séparation stricte soit instaurée. Pour lui, cette séparation est essentielle pour garantir le développement et la justice au Gabon.
Ces positions soulèvent des interrogations cruciales sur l’avenir démocratique du pays. La volonté de Jean Valentin Leyama et de Geoffroy Foumboula Libeka Makosso de promouvoir une séparation rigide des pouvoirs témoigne d’une inquiétude partagée par une partie des parlementaires. Lesquels craignent que cette nouvelle Constitution entérine des pratiques autoritaires. La nécessité d’un débat approfondi autour de cette réforme fondamentale devient davantage pressante. Pour l’heure, les 801 amendements mettent en lumière une non-acceptation.