A La UneCinémaCULTUREDerniers articles

Afrotopia : le film gabonais qui veut réveiller les consciences, en avant-première

Ecouter l'article

Les 27 et 29 novembre, l’Institut Français du Gabon accueillera l’avant-première d’“Afrotopia”, premier long-métrage du réalisateur David Mboussou. Entre thriller écologique et drame familial, le film s’impose déjà comme un manifeste culturel majeur, porté par une génération qui veut raconter l’Afrique autrement.

L’Institut Français du Gabon (IFG) s’apprête à vivre un moment singulier. Pour la première fois, un film gabonais indépendant, porté par une ambition esthétique et politique assumée, sera dévoilé au public avant même sa sortie nationale. “Afrotopia”, réalisé par David Mboussou et produit par Mavikana Production, affiche complet pour sa première séance du 27 novembre — un signe révélateur de l’attente qu’il suscite.

Plus qu’un film, “Afrotopia” porte la promesse d’un tournant dans l’imaginaire audiovisuel gabonais : celui où l’Afrique cesse d’être racontée de l’extérieur pour devenir maîtresse de ses images, de sa narration et de ses combats.

Entre utopie et lucidité, un récit profondément africain

Le titre du film condense son ambition : fusionner “Afrique” et “utopie”, pour proposer un récit qui célèbre le continent, tout en interrogeant ses blessures, ses contradictions et ses espoirs. David Mboussou l’assume : “Afrotopia” est un manifeste, une déclaration de souveraineté artistique.

Le film plonge le spectateur dans l’histoire d’Ézékiel, jeune cinéaste idéaliste incarné par Tiss Warren Mombo. Rattrapé par l’autorité paternelle, il se voit contraint d’abandonner ses rêves pour rejoindre l’entreprise forestière dirigée par son père, Maurice — un rôle magistral porté par Marcel Sandja. C’est là, au cœur d’un empire industriel impitoyable, qu’il découvre l’inacceptable : un projet de destruction d’une forêt sacrée, refuge ancestral d’une communauté autochtone.

Un duel père-fils sur fond de drame écologique

Le film tisse un récit où s’affrontent deux visions du monde. Maurice, le père, incarne une modernité aveugle, motorisée par la logique du profit et insensible à la valeur du patrimoine naturel. Ézékiel, lui, représente une jeunesse en quête d’éthique, de sens et de connexion avec ce qui fonde l’identité africaine.

Dans cette lutte, une figure impose sa gravité : l’Ancien, interprété par Jean-Claude M’Paka. Gardien des traditions, protecteur de la forêt, il apparaît comme la voix d’une sagesse immémoriale que la frénésie contemporaine tente d’effacer. C’est lui qui éclaire Ézékiel, l’aidant à comprendre que ce combat dépasse la seule économie : il touche à la mémoire, à la filiation, à la trace laissée par les colonisations.

Une esthétique ambitieuse au service du récit

La signature visuelle de “Afrotopia” est l’un de ses atouts majeurs. La photographie, confiée à Seydrigue Soungani, joue d’un clair-obscur puissant qui matérialise la tension centrale du film : entre ombre et lumière, destruction et renaissance.

David Mboussou dirige cette symphonie visuelle avec un sens du symbolisme rare dans le cinéma gabonais. La forêt y devient cathédrale, sanctuaire, mais aussi champ de bataille. Chaque plan semble rappeler l’urgence de protéger ce que l’Afrique a de plus précieux : ses peuples, ses cultures, ses écosystèmes.

Un message politique assumé

“Afrotopia” dépasse largement le cadre de la fiction. C’est un film politique, au sens noble du terme : il interroge les rapports de forces, la corruption environnementale, la responsabilité collective et la nécessité de bâtir un avenir où tradition et modernité cessent d’être antagonistes.

À l’heure où le Gabon repense ses modèles de développement, l’œuvre résonne comme un appel à réflexion. À un moment où la jeunesse cherche de nouveaux récits, “Afrotopia” en propose un qui n’a rien d’un divertissement facile : c’est un miroir, un cri, une proposition.

Un signal fort pour le cinéma gabonais

En accueillant ce film, l’IFG confirme son rôle de catalyseur culturel. Quant au public gabonais, il s’apprête à découvrir une œuvre qui pourrait bien ouvrir un nouveau chapitre du cinéma national : exigeant, poétique, enraciné, universel.

“Afrotopia” n’est pas seulement un film : c’est l’annonce que le cinéma gabonais, lui aussi, veut entrer en révolution.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page