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Violences en milieu scolaire : Camélia Ntoutoume dépassée par les événements ?

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Bagarres à l’arme blanche, vidéos choquantes, établissements fermés par crainte d’incidents : semaine après semaine, l’école gabonaise sombre un peu plus dans la violence. Face à cette dérive devenue presque ordinaire, la ministre d’État en charge de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume Leclercq, semble dépassée, absente, silencieuse. Une impuissance ministérielle devenue intolérable.

« L’éducation de la rue a pris le dessus sur l’éducation familiale », a déploré le proviseur Patrick Nzoghe du Lycée André Gustave Anguilet d’Awoungou, à Owendo, dans une vidéo virale. Visiblement à bout, il mettait en garde les élèves : « Si quelqu’un a pris cette option de la rue, il n’a pas sa place ici. » Une déclaration symptomatique de l’état de tension qui règne dans les établissements scolaires du pays.

Des scènes de guerre en uniforme, une ministre en retrait

Ces derniers jours encore, des affrontements violents ont éclaté dans plusieurs lycées, impliquant parfois des jeunes extérieurs aux établissements, venus régler des comptes ou créer la panique. Armes blanches, règlements de comptes, humiliations filmées : le système éducatif se transforme en théâtre de violences tandis que l’autorité de l’État s’efface dans les cours de récréation.

À Nzeng-Ayong, le collège Jean-Hilaire Aubame Eyeghe a même anticipé la fin des cours au 23 mai, une semaine avant la date officielle, par crainte d’incidents en marge d’une fête scolaire. D’autres établissements auraient pris des mesures similaires. Un aveu d’échec collectif, mais surtout un constat d’abandon de la part du ministère.

Camélia Ntoutoume Leclercq : une ministre à l’épreuve du réel

Depuis sa prise de fonction dans le premier gouvernement de la Transition, Camélia Ntoutoume Leclercq n’a proposé aucune stratégie claire, ni mesures concrètes pour restaurer la sécurité et la discipline dans les écoles. Silence radio sur les dispositifs de surveillance, aucune réponse ferme sur les violences répétées, aucun plan d’urgence annoncé pour sécuriser la fin d’année scolaire.

Pendant ce temps, les chefs d’établissement improvisent des plans de gestion de crise, livrés à eux-mêmes face à un phénomène qu’ils ne maîtrisent plus. La peur s’est installée dans les établissements, au point que certains enseignants refusent d’assurer leurs cours en fin de trimestre, redoutant des violences.

Une génération en danger, un système à l’abandon

Que reste-t-il du rôle protecteur de l’école ? À l’heure où le pays traverse une transition censée restaurer les fondements de la République, l’État abandonne ses élèves à la loi de la jungle. Les jeunes, livrés à eux-mêmes, rejouent sur le bitume des scènes de chaos, pendant que les responsables politiques fuient leurs responsabilités.

Il ne suffit pas de dénoncer l’incivisme. Il faut agir : mettre en place des brigades de médiation, sécuriser les établissements, impliquer les parents, et sanctionner les failles administratives. Le ministère de l’Éducation nationale doit cesser de gérer le désordre par le silence.

Un appel à l’action ou un constat d’échec ?

Si la ministre Camélia Ntoutoume Leclercq n’est pas capable d’assurer l’ordre dans les établissements scolaires, alors elle doit l’assumer. Car une République qui n’assure pas la sécurité de ses élèves abdique sa mission première. Et le danger est clair : si rien n’est fait, la fin d’année scolaire risque d’être marquée non par les examens, mais par les drames.

Le temps des discours est terminé. L’heure est venue pour le gouvernement de faire preuve de courage. Sinon, ce sont les élèves, les enseignants et les familles qui continueront de payer l’addition d’un État absent.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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