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Gabon : PNCD 2026-2030, l’occasion ou jamais de changer de cap

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Le lancement officiel, le 23 juillet 2025, du Plan national de croissance et de développement (PNCD) 2026-2030 ouvre une fenêtre politique inédite pour inscrire le Gabon dans une dynamique de transformation structurelle. Mais pour être autre chose qu’un catalogue d’intentions, ce plan devra être suivi d’actes, d’engagements budgétaires forts et d’une rigoureuse exécution.

C’est une feuille de route ambitieuse que le ministre d’État à l’Économie, Henri-Claude Oyima, a présentée à Libreville lors du lancement du PNCD 2026-2030. Une ambition claire : faire du Gabon une économie résiliente, structurée, équitable et inclusive. Pour la première fois depuis la chute du régime Bongo, le pays se dote d’un cadre prospectif sur cinq ans, aligné sur les aspirations d’une société en attente de résultats tangibles.

Une architecture pertinente, mais à concrétiser

Accès universel à l’eau et à l’électricité, réformes structurelles dans les secteurs clés, infrastructures, entrepreneuriat, emploi des jeunes et justice sociale : les axes annoncés cochent toutes les cases d’un pays qui veut rompre avec l’économie de rente et la gouvernance à vue. Mieux : l’objectif d’une croissance à deux chiffres (10 %) résonne comme un signal fort à destination des investisseurs et partenaires techniques.

Mais l’histoire économique du Gabon est jalonnée de plans, de visions, de stratégies restées lettre morte. Pour que ce PNCD échappe à ce sort, il devra se traduire dans les faits par des budgets cohérents, une administration performante et une réelle capacité de suivi-évaluation.

Une mobilisation nationale indispensable

L’enjeu de ce nouveau plan ne relève pas seulement de l’économie. Il est politique, social et symbolique. Il engage l’État dans sa capacité à mobiliser, à planifier et à redistribuer les fruits de la croissance. Il engage aussi la société gabonaise dans son ensemble : administrations, collectivités, entreprises, syndicats, société civile et partenaires extérieurs.

La réussite du PNCD dépendra de l’inclusivité du processus, de la clarté des priorités et de la capacité du gouvernement à trancher entre les urgences sociales et les investissements productifs. Elle dépendra aussi de la sincérité budgétaire de l’État, qui devra sortir du cycle de la dette de fonctionnement pour financer une croissance réelle et redistributive.

L’heure de vérité pour le président Oligui Nguema

Ce plan est un test de crédibilité pour le président Brice Clotaire Oligui Nguema. Après un an au pouvoir, il ne peut plus seulement incarner la rupture avec le passé. Il doit construire l’avenir. Et le PNCD 2026-2030, s’il est mené avec rigueur, peut devenir l’outil de cette transition historique.

Le Gabon a les atouts : un capital naturel immense, une jeunesse prête à s’engager, des élites compétentes, un environnement régional stabilisé. Il lui manque encore la volonté politique d’aller au bout des réformes, de renoncer aux rentes de situation et de libérer les forces productives.

Le PNCD est l’occasion ou jamais de le faire. À défaut, il ne sera qu’un plan de plus.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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