Transformation locale du manganèse : Oligui Nguema face au mur des défis énergétiques

Lors du Conseil des ministres du vendredi 30 mai dernier, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, annonçait une série de mesures visant à promouvoir la transformation locale des richesses nationales. Parmi celles-ci, l’interdiction de l’exportation du manganèse brut, à compter du 1er janvier 2029. Une décision présentée comme historique, mais qui fait naître un certain nombre de préoccupations liées notamment aux infrastructures nécessaires à sa mise en œuvre. Il faut dire qu’un tel projet nécessite la construction d’usines, la formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et en grand nombre, mais aussi, et surtout une infrastructure énergétique de qualité. Autant de défis auxquels devra répondre le gouvernement s’il veut rendre cette promesse concrète.
Le ministère de l’Énergie a organisé le 23 avril dernier un atelier stratégique consacré à l’élaboration d’un plan d’investissement triennal pour moderniser les infrastructures énergétiques du pays. Les experts présents ont mis en lumière l’ampleur du chantier à venir. Si le chiffre de 2 000 milliards de Fcfa était jusque-là évoqué par les techniciens, c’est une estimation encore plus ambitieuse, de l’ordre de 3 000 milliards de Fcfa, qui a été avancée à l’issue des discussions. L’objectif est clair, permettre aux entreprises comme Comilog, principal opérateur du manganèse au Gabon, de disposer de l’énergie suffisante pour assurer la transformation locale du minerai. Le gouvernement doit donc faire sa part en créant les conditions matérielles nécessaires, notamment en matière de production, de transport et de distribution d’électricité.
Un financement incertain dans un contexte économique contraint
Mais cet objectif se heurte à une réalité budgétaire préoccupante. Avec un programme présidentiel chiffré à 8 000 milliards de Fcfa sur 7 ans, dont seulement 25 % doivent être financés par le budget de l’État, l’exécutif doit s’appuyer largement sur les emprunts et les partenariats publics-privés (PPP). Or, la capacité du Gabon à emprunter reste limitée, compte tenu de son niveau d’endettement déjà jugé élevé par les institutions de Bretton Woods. La Banque mondiale, notamment, peine à s’accorder avec les autorités gabonaises sur la méthode de calcul de cette dette, compliquant ainsi les négociations financières. Quant aux PPP, leur efficacité dans le secteur énergétique reste discutable, les entreprises privées étant souvent réticentes à engager des fonds dans des projets d’infrastructure lourds et peu rentables, comme c’est le cas pour la construction des lignes de transport d’énergie.
Malgré ces obstacles, les autorités restent confiantes sur certains volets. En effet, les projets de barrages hydroélectriques en cours laissent espérer une augmentation significative de l’offre énergétique, et ce dans les deux à trois prochaines années. Toutefois, produire davantage d’électricité ne suffira pas si les lignes de transport, véritables colonnes vertébrales du réseau, ne sont pas modernisées ou construites en quantité. La transformation locale du manganèse impose une disponibilité énergétique stable, un défi logistique autant que technique. En parallèle, la question de la formation et de la mobilisation d’une main-d’œuvre spécialisée reste entière. Si Eramet a exprimé sa volonté de se conformer à la nouvelle politique, les incertitudes autour de la disponibilité des ressources humaines et énergétiques pourraient ralentir, voire compromettre, la mise en œuvre effective de cette décision ambitieuse.
C’est un très bon projet. Pour les resources humaines, si on pouvait aller dans les établissements pour insister les élèves et étudiants à étudier dans certains domaines touchant a l’industrialisation ce sera bien au lieu d’enrichir les expatriés comme d’habitude