TFH : SEEG, traçabilité et contrôle public, un dispositif blindé pour rassurer les citoyens

Face à la principale inquiétude des Gabonais, la peur que l’argent « disparaisse »,  le gouvernement met en avant un dispositif inédit de transparence autour de la Taxe Forfaitaire d’Habitation (TFH). Collecte sécurisée via la SEEG, ventilation automatique des fonds et engagement présidentiel pour la traçabilité : la réforme se présente comme l’une des plus rigoureusement encadrées depuis la création des collectivités locales.

Un mécanisme pensé pour rassurer une population sceptique. La mise en place de la TFH intervient dans un climat de défiance où chaque réforme fiscale est scrutée par une opinion publique échaudée par les dérives du passé. Le gouvernement en est conscient : sans un mécanisme de transparence solide, la taxe aurait été rejetée avant même son application. D’où le choix assumé d’un système « blindé », combinant automatisation, contrôle et traçabilité.

La collecte via la SEEG n’est pas un hasard : elle garantit une participation universelle et évite la fraude ou les échappatoires courantes dans un pays où plus de 60 % des activités échappent à l’assiette fiscale classique. « C’est le seul outil qui touche tous les ménages raccordés, y compris ceux du secteur informel. Aucun autre dispositif ne permet une telle couverture », explique un expert des finances publiques.

La facture SEEG comme pilier de fiabilité et de simplicité

L’intégration de la TFH dans la facture d’électricité assure une collecte immédiate, transparente et inviolable. Contrairement aux taxes payées en liquide ou déposées tardivement, ce système permet un recouvrement quasi parfait. Il évite également les risques de détournement dans la chaîne administrative, l’un des dysfonctionnements historiques des finances locales.

Ce choix technique répond à une logique simple : garantir que chaque franc collecté soit tracé du domicile du citoyen au compte de la collectivité locale. « C’est la fin des zones d’ombre dans le circuit financier », assure un cadre du ministère du Budget.

Une ventilation automatique : Trésor – Mairies, sans intervention humaine

Pour la première fois, les fonds issus d’une taxe locale seront répartis automatiquement dès leur encaissement. Une partie sera dirigée vers le Trésor public pour financer les grands travaux structurants ; l’autre alimentera directement les budgets des mairies afin d’améliorer la salubrité, l’éclairage et les voies secondaires.

Ce mécanisme, totalement automatisé, réduit la marge d’arbitraire et sécurise l’usage des ressources. « La TFH n’est pas une caisse noire : c’est une architecture budgétaire verrouillée », insiste un juriste en gouvernance locale.

L’engagement présidentiel : une promesse publique de traçabilité

Le Chef de l’État en a fait un axe central de son argumentaire : aucun franc ne doit se perdre. Il a exigé la mise en place d’un tableau de bord accessible aux institutions de contrôle, ainsi qu’un reporting trimestriel permettant de comparer les recettes et les investissements réalisés. Une innovation qui pourrait, si elle est menée jusqu’au bout, transformer durablement la relation entre citoyens et institutions.

Cette démarche s’inspire de modèles observés au Rwanda, au Bénin ou en Afrique du Sud, où la transparence des taxes locales a permis d’améliorer la confiance et d’accélérer les programmes d’aménagement urbain.

Une réforme qui ne survivra que si la transparence est totale

L’enjeu politique est clair : la réussite de la TFH dépend moins de sa collecte que de la confiance qu’elle parviendra à instaurer. Si les routes ne sont pas réhabilitées, si les quartiers ne sont pas assainis, si les mairies n’améliorent pas leurs services, la taxe deviendra un symbole d’échec.

Mais si chaque paiement se transforme en action visible, une route bétonnée, un lampadaire rétabli, une benne installée, alors la TFH pourrait devenir l’une des réformes les plus structurantes de la Vᵉ République. Pour l’heure, le gouvernement a posé les garde-fous. Reste à en démontrer l’efficacité.