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TFH : le Gabon n’innove pas, il rattrape son retard fiscal africain

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Alors que le débat enfle autour de la Taxe forfaitaire d’habitation prévue pour 2026, une réalité demeure largement méconnue : le Gabon n’est ni pionnier ni isolé. De nombreux pays africains appliquent depuis des années des contributions similaires pour financer leurs collectivités locales. Comparaison éclairante.

Une taxe décriée mais loin d’être une exception africaine. Dans l’espace public gabonais, la TFH suscite des critiques véhémentes, souvent nourries par l’idée qu’il s’agirait d’une invention injuste ou inédite. Pourtant, l’examen des pratiques africaines montre exactement l’inverse : le Gabon rejoint simplement une norme continentale déjà éprouvée, sans appliquer les niveaux de taxation observés ailleurs.

Maroc, Sénégal, Togo : des modèles bien plus exigeants

Au Maroc, la taxe d’habitation existe depuis 2008. Elle s’impose à l’occupant, qu’il soit propriétaire ou locataire, et reste nettement plus rigoureuse que la future TFH gabonaise. Le montant dépend de critères stricts tels que la superficie, le quartier ou la nature du bien. Dans les faits, les résidences principales sont taxées à 10 %, les résidences secondaires à 15 %, avec des montants pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers de francs CFA par an.

Au Sénégal, le contribuable paie déjà une taxe de résidence qui s’ajoute à l’impôt foncier. Selon les villes, le montant peut grimper jusqu’à 200 000 FCFA pour une villa, loin des montants annoncés au Gabon, où les logements modestes ne supporteront que 500 à 1 000 FCFA mensuels.

Le Togo, lui, a introduit une taxe d’habitation en 2016 pour accompagner le financement des communes et renforcer les services urbains. Là encore, les montants sont largement supérieurs à ceux projetés par Libreville.

Un modèle gabonais volontairement allégé

Face à ces comparaisons, une conclusion s’impose : la TFH gabonaise est l’une des formules les plus modérées du continent. À la différence des pays qui modulent la taxe selon la surface, le standing ou la valeur du bien, le Gabon a fait le choix d’un barème forfaitaire plafonné, pensé pour rester compatible avec le pouvoir d’achat national.

L’objectif affiché est d’éviter l’austérité – baisse des salaires ou des bourses – en mobilisant une contribution limitée pour financer des besoins urgents : salubrité, voirie, éclairage et services publics locaux.

Entre incompréhensions et nécessité budgétaire

Dans un contexte où la dette absorbe près de 60 % des recettes, la TFH apparaît comme un outil pragmatique déjà éprouvé ailleurs. Ce n’est pas une exception gabonaise, mais un alignement sur les standards africains. Reste désormais à convaincre une opinion publique méfiante que cette contribution, modeste pour l’immense majorité des ménages, servira réellement à transformer leur cadre de vie.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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