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Taxe d’habitation : quand le silence du gouvernement crée l’incompréhension   

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La Taxe forfaitaire d’habitation (TFH) s’est imposée au centre des discussions publiques depuis son annonce lors du Conseil des ministres du 4 décembre. Présentée comme une contribution mensuelle due par tout occupant d’un logement en contrepartie de services publics locaux, éclairage, voiries, propreté, sécurité, cette taxe sera directement prélevée sur les factures d’électricité dès janvier 2026. Pour le gouvernement, il s’agit d’un mécanisme simple, destiné à améliorer les ressources des collectivités. Mais pour la population, encore peu informée, la TFH ressemble davantage à une mesure opaque au sens et aux implications mal définis.

Très vite, l’incompréhension s’est installée, en grande partie parce que les techniciens de l’État refusent systématiquement de se confronter au débat contradictoire. Sollicités par les médias, notamment privés et en ligne, ni les responsables sectoriels ni les spécialistes de l’administration ne se présentent, se limitant aux médias d’Etat très peu suivis par la majorité des gabonais. Sur les réseaux officiels, la Communication gouvernementale tente de répéter que cette taxe est « forfaitaire » et qu’elle n’est “ni un impôt sur le revenu, ni un impôt foncier”, mais une tarification fixe dépendant de la zone d’habitation. Une explication abstraite, insuffisante et incompréhensible pour une large partie des citoyens.

Une communication défaillante qui nourrit la confusion

L’apparition sur les réseaux sociaux d’un tableau Excel détaillant les montants par zone a achevé de semer la confusion. Selon ce document, vivre à Nzeng-Ayong, à Akanda ou à la Sablière n’exposerait pas à la même tarification. Une grille qui soulève des interrogations légitimes : un citoyen modeste louant une chambre à 50 000 FCFA dans une zone dite “haut de gamme” paiera-t-il la même taxe qu’un cadre supérieur ? À l’inverse, un membre du gouvernement vivant dans un quartier populaire sera-t-il soumis à la même contribution symbolique que les ménages les plus vulnérables ? Sans clarification officielle, ces interrogations alimentent frustration et suspicion.

Privés d’interlocuteurs convaincants, les citoyens et les médias se retrouvent contraints de spéculer sur des informations fragmentaires. L’action gouvernementale se voit ainsi parasitée par une communication déficiente et une administration qui semble fuir toute responsabilité explicative. Ce refus d’assumer publiquement une réforme aussi clivante renforce le sentiment d’abandon ressenti par une partie de la population. Faute de transparence et d’engagement pédagogique, le fossé continue de se creuser entre l’élite décisionnaire et des gabonais désorientés, livrés aux approximations des réseaux sociaux. Au risque que des réformes visant à financer les services publics ne soient mises en échec, le gouvernement gagnerait à revoir sa stratégie de communication.

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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