SOTRADER : où sont passés les 400 bulldozers et 75 pelleteuses du Programme GRAINE ?
Acquis en 2015 dans le cadre des activités d’aménagement des plantations du programme GRAINE, la destination prise par les engins lourds suscite depuis quelque temps des questionnements. Selon un document « confidentiel et à usage restreint » dont Gabon Media Time a pu consulter copie, une grande partie des 400 bulldozers et 75 pelleteuses auraient été vendue par la Société de transformation agricole et développement rural (SOTRADER S.A) sans l’accord du gouvernement et sans que l’on puisse retracer exactement les bénéficiaires.
Si dans notre article intitulé SOTRADER : Samson Ngomo et Aubert Ndjila nommés à la tête d’une société fantôme, nous évoquions l’incongruité des mesures individuelles prises lors du Conseil des ministres du 8 novembre dernier, la gestion de cette entreprise, qui juridiquement n’existe plus, ne manque pas non plus de susciter des interrogations. C’est le cas sur la destination prise par 400 bulldozers et 75 pelleteuses acquis sur la base d’une location auprès de Caterpillar Finance service.
En effet, c’est au cours de la réunion du Comité de pilotage du programme GRAINE qui s’était tenu le 11 juin 2019 que la question de ces engins avait été abordée. Selon le compte rendu de cette rencontre, le sort de ce matériel aurait été scellé à la suite du constat de la « baisse des ambitions du programme GRAINE » mais aussi dans une volonté de réduire les charges financières de la société.
Une opération de vente au nez et à la barbe du gouvernement
Ainsi, la SOTRADER avait décidé de « revendre 360 engins, notamment 290 bulldozers D6R et 75 tractopelles, par le biais d’un partenariat signé avec la société Ritchie Bros Auctionneers B.V des Pays-Bas pour un montant 27,47 millions d’euros, soit 18,1 milliards de FCFA ». Une décision incompréhensible et qui d’ailleurs n’aurait même pas fait l’objet d’une communication officielle ni de la société ni du gouvernement de l’époque.
Pis, dans ce document confidentiel, le Comité de pilotage du programme GRAINE déplore que lors de cette opération de vente de ces engins, le gouvernement n’avait pas été informé, mais aussi que les explications données par SOTRADER n’étaient pas convaincantes. De quoi s’interroger donc sur les contours de cette vente de matériel qui devrait pourtant permettre de booster le programme GRAINE.
D’où la nécessité pour les nouvelles autorités de faire un véritable audit sur la gestion de cette entreprise. « En tout cas, il faut que les autorités fassent le point sur tout ce qui est SOTRADER et la relation avec OLAM pour qu’on puisse partir sur une page blanche dans le secteur agricole », a d’ailleurs confié une source proche du dossier.