Rachat des actifs de Tullow Oil : Bilie-By-Nze dénonce une dépendance croissante à Gunvor

Le rachat par l’État gabonais des actifs de Tullow Oil Plc à hauteur de 300 millions de dollars, dont 220 millions financés par la filiale moyen-orientale du trader Gunvor, continue de susciter des réactions. Cette opération, la deuxième en moins de deux ans après le rachat d’Assala Energy en 2024 pour près de 800 millions de dollars, fait réagir l’ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle du 12 avril 2025, Alain Claude Bilie-By-Nze.
Dans un message publié sur son compte X, l’ancien chef du gouvernement n’a pas mâché ses mots. « Par cet acte, l’État gabonais a renforcé sa dépendance vis-à-vis de Gunvor alors que les autorités avaient fait croire qu’il s’agissait d’une acquisition par le Trésor, sans endettement », a-t-il écrit.
Un soutien financier stratégique… mais opaque ?
Si l’État gabonais affiche une stratégie assumée de reprise de contrôle sur ses ressources naturelles, l’enchaînement de ces opérations financées par Gunvor soulève des questions sur la souveraineté financière réelle du pays. Pour Bilie-By-Nze, les conditions de financement, obtenues par le biais de facilités de prépaiement, traduisent moins une indépendance qu’une forme de collatéralisation du pétrole gabonais au profit de grands groupes de négoce.
Selon des informations relayées par Bloomberg, Gunvor, à la sortie de l’une des périodes les plus profitables de son histoire, privilégie désormais les accords d’actifs et les préfinancements afin de sécuriser des contrats d’approvisionnement avantageux, dans un marché devenu plus concurrentiel avec la montée en puissance des compagnies pétrolières nationales.
Appel à un débat public sur la gouvernance des ressources naturelles
Pour Alain Claude Bilie-By-Nze, ces choix financiers ne peuvent rester dans l’ombre. « À quand la transparence véritable dans les industries extractives ? », s’est-il questionné. À ses yeux, la clarté sur la contrepartie de ces accords est indispensable, notamment sur les volumes de brut engagés, la durée des contrats, et les conditions de remboursement.
Le silence du gouvernement et l’absence de communication officielle de Gunvor sur l’accord alimentent également les soupçons d’opacité autour de la gouvernance du secteur extractif. Alors que le secteur pétrolier reste le pilier des finances publiques gabonaises, la transparence sur les accords de financement, les flux pétroliers et les obligations contractuelles devient une exigence démocratique. Et pour certains observateurs, les critiques d’Alain Claude Bilie-By-Nze pourraient bien ouvrir un débat de fond sur la gestion des ressources stratégiques de l’État.
GMT TV