Projet Movingui-Okolassi : quand la CDC tourne le dos à l’accès au foncier pour tous

Alors que le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a solennellement juré le 3 mai 2025 de « consacrer toutes [ses] forces au bien-être » du peuple gabonais, notamment en défendant l’État de droit et la justice sociale, certaines décisions administratives viennent contredire cet engagement républicain. C’est le cas de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) dirigée par Marius Nkori, qui a mis un coup d’arrêt brutal au projet Movingui-Okolassi, pourtant porteur de solutions concrètes pour l’accès des Gabonais à la propriété foncière.
Situé dans la commune de Ntoum, sur une assiette foncière de 385 hectares, le projet Movingui, piloté par la CDC, visait à offrir aux populations gabonaises des parcelles viabilisées de 500 m² avec titres fonciers. En février 2024, un premier lot de 50 hectares avait déjà été défriché, marquant ainsi une première avancée significative. En nous rendant sur place, nous avons constaté de visu l’état de la déforestation achevée, preuve que le projet était bel et bien lancé. La phase suivante devait consister en un terrassement puis en la cession d’au moins 500 parcelles.
Pour beaucoup, ce projet incarne la traduction opérationnelle des engagements présidentiels : offrir un accès équitable au foncier, redonner espoir aux classes moyennes et populaires, structurer l’urbanisation. Un alignement clair avec les promesses du président Oligui Nguema qui affirmait dans son serment vouloir être « juste envers tous ».
Une volte-face incompréhensible à la tête de la CDC
Pourtant, à peine nommé en février 2024, Marius Nkori, administrateur directeur général de la CDC, a suspendu sans ménagement ce projet structurant. Selon plusieurs sources internes, celui-ci aurait tout simplement considéré que la CDC n’a pas vocation à initier des programmes immobiliers ou agricoles, mais uniquement à effectuer des « placements financiers » — une vision réductrice et financièrement orientée, incompatible avec l’esprit de développement inclusif voulu par les plus hautes autorités de l’État.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul projet sacrifié : le programme CDC TER’, axé sur le développement agricole, a subi le même sort. Il devait pourtant renforcer l’autosuffisance alimentaire du pays, créer des milliers d’emplois et augmenter la part de l’agriculture dans le PIB. Des projets qui s’inscrivent dans les priorités sociales et économiques affichées par le président, mais que l’actuelle direction de la CDC semble avoir relégués au second plan, au profit d’une logique de rendement à court terme.
Un enjeu politique majeur pour le mandat présidentiel
Alors que le chef de l’État a placé son mandat sous le sceau de la justice sociale et de la reconstruction nationale, la mise au placard du projet Movingui apparaît comme un contre-signal politique. Il ne s’agit pas simplement d’un différend de gestion, mais d’un enjeu fondamental de cohérence entre la parole présidentielle et l’action des structures publiques. Si les agences étatiques comme la CDC refusent de porter la transformation sociale, qui le fera ?
L’urgence d’un recadrage politique semble désormais s’imposer. Car en République, comme l’a rappelé le président dans son serment, « remplir consciencieusement les devoirs de [sa] charge » implique de répondre aux aspirations du peuple. Et celles-ci sont claires : logement, propriété, dignité. Le projet Movingui doit revivre, et avec lui, l’ambition d’un Gabon qui redonne du sens à la terre et à la citoyenneté.
GMT TV