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« Primature : la dernière danse de l’histoire »

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Comment ne pas se poser la question sur l’avenir du personnel de la primature et de son chef.Instauré, dès les premières heures menant vers les indépendances de 1960, le poste que Léon Mba a occupé en février 1958, devenant ainsi le premier Chef du Gouvernement du Gabon,va prendre fin après la Transition et les élections d’août 2025. 

Il est vrai que la question du choix du dernier chef du gouvernement se pose depuis la tournée républicaine du Président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma. Certaines sources proches du Président, sans oublier les nombreux titres de journaux, affirment que Raymond Ndong Sima aurait déjà commencé à faire ses cartons. Quelques raisons peuvent expliquer ces intentions de déménagement non voulu à savoir : le côté transparent du Premier Ministre et l’incapacité de ce dernier à diriger un gouvernement qui ne trouve pas la pointure des rangers qu’il faut pour mener en profondeur la politique impulsée par les militaires. D’ailleurs, dès le départ, le Président avait déjà court-circuité le natif d’Oyem en lui imposant au sommet de la chaîne communication des politiques publiques le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, plus proche et plus rassurant.  

Ndong Sima savait que le pouvoir a été militarisé dès la prise de celui-ci pour porter la politique du CTRI. Un civil ne parle pas au nom d’un militaire, donc il allait plus dans un projet personnel que celui d’agir ou d’influencer les grandes décisions qui seraient prises au Palais du bord de mer. Et pourtant, malgré ses incohérences et incompréhensions affichées, Ndong Sima deviendra, au soir de son bilan, le seul chef de Gouvernement ayant fréquenté deux Présidents différents, ce qui est un exploit historique à souligner.

S’il est vrai que Ndong Sima est à la traine dans l’opinion nationale et dans l’estime du Président, il reste tout de même un passager de première classe dans le Wagon menant vers Nkoum Yoguin dans le canton Bissok, où il compte encore de nombreuses affinités à l’instar du père du Président pour espérer continuer à travailler face à la CEAC. Et pourtant la donne a changé, le CTRI, par la figure de son chef, commence a endossé le costume politique. Et lediscours fondateur de cette métamorphose politique, de plus en plus annoncée, a pris sa source lors de son passage à Tchibanga lorsqu’il demandait à ceux qui n’étaient pas avec lui, et incapables de le défendre, de partir. Autrement dit, cette période post-libération qui s’ouvre va amener le Président à changer de cap, à nommer un Premier Ministre qui porte ouvertement sa politique et qui la défend avec énergie. Il en va de même pour les Ministres qui devront poursuivre l’aventure gouvernementale ou l’intégrer pour la première fois.

Un premier ministre militaire pour plus d’action 

C’est donc le dernier gouvernement issu de ce régime semi-présidentiel qui existe depuis mars 1991, puisqu’il va laisser la place au Régime Présidentiel où le Président est le premier,sinon le seul comptable de sa politique et des actions qu’il pose. Pas sûr que le Président aitattendu son voyage au neuvième sommet de coopération Chine-Afrique pour se pencher sur la question. Il le sait lui-même que le premier gouvernement avait été mis en place pour rassurer l’opinion nationale et internationale ; il lui faut donc prendre un tournant à 160 degrés pour préparer les élections de 2025. Alors qui pour remplacer Ndong Sima qui semble montrer des signes de fatigues et usé par les murs et les couloirs de la primature qu’il écume depuis Ali Bongo Ondimba ? L’entourage du Président devrait lui proposer de durcir le gouvernement en y insérant encore plus de militaires pour une dynamique plus garantie à défaut de mettre à la tête du Gouvernement un membre du CTRI, histoire de faire rentrer les militaires dans l’histoire globale de la gestion du pays.

Le retour du chef de l’Etat est donc très attendu par ses Ministres et le peuple Gabonais qui a jusque-là soutenu la politique des « Ctristes » attend voir la touche finale de Josué pour mettre en place une équipe épargnée des « kounabélistes » du ministère de l’Education Nationale ou des activistes politiques du Ministère de la communication. Un an aura suffi au Président de la Transition pour voir et comprendre que si la transition a été fixée à deux ans, le mandat du gouvernement est variable en fonction de sa capacité à impulser une dynamique positive et de la fiabilité de ses membres. De surcroit, les Gabonais veulent voir autre chose que ces ministres qui ne savent que fanfaronner le long de Libreville, escortés des sirènes et des trompettes de leurs voitures de sécurité.

Une chose est sûre, nous vivons les derniers moments d’une tradition républicaine à laquelle nous étions habitués depuis plus de soixante ans. Il faut aussi ajouter que ce n’est pas seulement le Premier Ministre qui fait ses valises, mais aussi le personnel et les ministres qui l’auront accompagné dans cette dernière et mystérieuse aventure. Le Dialogue National Inclusif (DNI), en proposant le régime Présidentiel, a non seulement fait faire des économies à l’Etat, mais a aussi enterré définitivement les bruits de couloir sur la couleur ethnique et locale du Premier Ministre, chose qui alimentait les conversations des Gabonais à la veille de chaque nomination d’un nouveau locataire de la primature.

Pr. Pierre Ndemby Mamfoumby

Sémioticien, enseignant de littérature

et des mathématiques appliquées à l’UOB

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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