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Gabon: atteint de Covid-19, il se fait licencier par la Cnamgs

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La Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs) serait-elle devenue le purgatoire de ses propres agents? C’est la question que l’on serait tenté de se poser au regard des abus dont serait une fois de plus victime un agent au sein de cet organisme. C’est du moins ce qui ressort de la requête introductive d’instance près le tribunal du travail de Libreville signée du directeur provincial du Travail de la main-d’œuvre et de l’emploi de l’Estuaire, Alain Jules Monangze. En effet, alors qu’il était en arrêt maladie car atteint de la Covid-19, un agent a été licencié sans aucune autre forme de procès pour des motifs pour le moins “douteux”, si l’on s’en tient aux éléments de la requête de la direction provinciale du Travail de la main-d’œuvre et de l’emploi de l’Estuaire. 

C’est un véritable calvaire que vit cet agent que nous nommerons Augustin pour des raisons d’anonymat. En effet, les tracasseries de ce dernier auraient commencé avec sa contamination à la Covid-19. C’est au plus fort de cette situation sanitaire précaire que son employeur aurait décidé de procéder le plus simplement du monde à son licenciement, malgré les justificatifs que ce dernier avait produits. 

Ainsi, dans les observations faites par l’inspecteur du travail, dans la requête dont Gabon Media Time a pu consulter copie, l’imbroglio autour du licenciement de l’employé est sans équivoque. « Les griefs faits au salarié pour justifier son licenciement laissent subsister un doute énorme. En effet, s’agissant des absences répétées non justifiées, les certificats médicaux joints au dossier avaient été bien déposés au service des ressources humaines », peut-on lire dans la requête signée du directeur provincial du Travail de la main-d’œuvre et de l’emploi de l’Estuaire.

Il faut dire qu’une épée de Damoclès planait déjà sur la tête de l’employé depuis 2019. Son arrêt maladie aura été, semble-t-il, le prétexte choisi par la direction de la Cnamgs pour mettre en œuvre son dessein de se séparer de ce collaborateur qui aura donné un peu plus de 9 ans de sa vie au service de cet organisme. Tout aurait commencé au mois de juillet 2020 au moment où  Augustin est diagnostiqué Covid-19 comme l’atteste un rapport médical établi au sein de la polyclinique chambrier, dont Gabon Media Time a pu obtenir copie. « J’avais complètement les poumons amochés, j’arrivais plus à respirer, avec tout ce qui se disait à l’epoque, j’ai préféré suivre mon traitement chez moi et d’ailleurs j’ai contaminé ma femme par la suite », nous a-t-il confié. 

Alors qu’il suit sa convalescence comme recommandé en la matière, le 06 novembre 2020, il est convoqué à un entretien préalable par le directeur des ressources humaines Josette Bivigou pour les motifs « d’absence prolongée ni autorisée ni notifiée » et « perte de confiance ». Une situation bien curieuse alors que plusieurs certificats médicaux dûment produits par l’agent indiquent qu’un arrêt maladie avait été recommandé durant plusieurs semaines, la première allant du 02 juillet au 15 juillet, ce conformément au protocole sanitaire édicté par les autorités.

Lors de l’entretien, qui se fera en l’absence du délégué du personnel, le directeur des ressources humaines aurait avancé des justifications pour le moins abracadabrantesques, notamment celle de ne pas avoir reçu les certificats médicaux alors que des accusés de réception attestent que les documents ont bel et bien été reçus. Pis alors qu’il était convenu qu’il devait faire parvenir à la DRH les résultats de son troisième contrôle, les choses prendront une autre tournure, puisque son salaire sera suspendu, le privant ainsi de moyens de subsistance et de se soigner. Prétextant les mêmes motifs « d’absence prolongée ni autorisée ni notifiée » et « perte de confiance » la Cnamgs contestant la validité des certificats procédera par la suite et sans tout autre forme de procès au licenciement de l’agent. 

Une attitude qui selon l’agent démontre le mépris de la direction générale de la Cnamgs dirigée par Severin Anguilet vis-à-vis de ses collaborateurs. Il faut dire que l’organisme serait coutumier de ce type d’agissement. On se souvient encore qu’en août 2020 Alida Bayissi, employée de la caisse nationale d’assurance-maladie et de garantie sociale est décédée des suites d’une longue maladie du fait du refus de la direction générale de procéder à son évacuation sanitaire, selon un syndicat de la structure. 

Dans l’optique de corroborer les faits, Gabon Media Time a contacté la direction générale de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale. C’est près d’un mois après, qu’un responsable de cette administration a daigné nous recevoir au cours d’un entretien où ce dernier a maintenu la version de l’organisme qui émet des « doutes sur l’authenticité des justificatifs et des certificats médicaux produits par l’employé ». Pour la Cnamgs, sa décision de licenciement est également motivée par des  absences « prolongées ni autorisées ni notifiées ». 

Ainsi, face à cette situation, l’employé a décidé de saisir le tribunal du travail de Libreville pour obtenir réparation du préjudice dont il estime être victime. Une saisine motivé par le fait que « la tentative de conciliation » entre la direction générale de la CNAMGS et son employé qui sollicite dès lors le paiement de préjudice économique et financier mais aussi des dommages et intérêts pour le licenciement jugé abusif.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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