PLF 2026 : vers une pression fiscale accrue sur les ménages
Le Projet de Loi de Finances 2026 (PLF 2026) marque un tournant net dans la politique fiscale du pays, en mettant davantage à contribution les ménages afin de renforcer les recettes de l’État. Les principales lignes d’imposition progressent fortement, à commencer par l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP). Celui-ci passerait de 31,85 milliards FCFA en 2025 à 49,30 milliards FCFA en 2026, soit une hausse spectaculaire de 55 %. Cette augmentation traduit la volonté des autorités de mobiliser davantage de ressources internes face aux contraintes budgétaires. Elle s’accompagne d’un resserrement des obligations déclaratives et d’un renforcement des mécanismes de retenue à la source, notamment sur les revenus fonciers désormais soumis à une retenue automatique de 10 % lorsque le locataire est une entité professionnelle.
Les acomptes versés par les salariés, autre pilier de l’imposition directe des ménages, connaissent eux aussi une croissance notable. Le PLF 2026 prévoit 136,74 milliards FCFA, contre 102,23 milliards FCFA en 2025, soit une hausse de 34 %. Cette progression découle simultanément d’un élargissement de la base taxable et d’une meilleure traçabilité des salaires grâce à la généralisation des dispositifs électroniques de facturation et des obligations de télépaiement. Dans le même mouvement, la Taxe complémentaire sur les salaires (TCS) grimpe de 35,71 milliards FCFA à 47,75 milliards FCFA, soit +34 %, confirmant l’alourdissement global de la charge fiscale pesant sur les ménages actifs et sur les entreprises employeuses.
Une montée en puissance des taxes qui interroge sur le pouvoir d’achat
Au-delà des impôts directs, plusieurs taxes affectant indirectement les ménages sont également consolidées ou réajustées. À titre d’exemple, la contribution pour l’amélioration du cadre de vie, égale à 9 % du montant hors taxes des factures d’électricité, s’applique désormais de manière plus systématique, renforçant la pression sur les dépenses courantes des foyers. De même, les droits d’accises sur divers produits de consommation, boissons, parfumerie, véhicules, tabacs, sont maintenus à des niveaux élevés, avec des tarifs spécifiques particulièrement lourds sur les boissons importées et le champagne (jusqu’à 2 250 FCFA par litre). Les ménages se retrouvent ainsi confrontés à une double charge. Une hausse des prélèvements obligatoires sur leurs revenus et une accentuation des taxes sur une partie des biens qu’ils consomment.
En outre, la réforme de la Contribution Foncière Unique (CFU), qui s’applique désormais à tous les propriétaires de biens bâtis et non bâtis, instaure un barème forfaitaire plus large et plus structuré, susceptible d’augmenter l’impôt foncier pour de nombreux ménages urbains. Si certaines exonérations sont prévues pour les personnes vulnérables ou les logements sociaux, la taxation foncière prend une place plus visible dans la politique budgétaire nationale. L’ensemble de ces mesures révèle un choix assumé, accroître l’effort fiscal des ménages pour consolider les ressources de l’État. Reste à savoir si cette trajectoire n’affectera pas le pouvoir d’achat des gabonais dans un contexte déjà marqué par une forte sensibilité des prix et un coût de la vie élevé.








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