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Paul Marie Gondjout à la Maison Georges Rawiri : et la presse privée, Monsieur le Ministre ?

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Ce mercredi 15 mai 2025, en foulant le sol de la Maison Georges Rawiri, Paul Marie Gondjout a voulu marquer d’une empreinte forte le début de son magistère à la tête du ministère de la Communication et des Médias. En visitant les locaux de Radio Gabon et Gabon Télévisions, il a pu mesurer l’étendue du défi : remettre debout un service public audiovisuel moribond, à bout de souffle, rongé par des décennies de sous-investissement, d’inertie et de déconnexion avec les réalités du terrain.

« Il faut que nous ayons une télévision et une radio de pointe », a-t-il affirmé, tout en dénonçant la modicité d’une subvention annuelle de 69 millions de FCFA pour des médias censés incarner la voix institutionnelle d’un État.

Mais au-delà de ce symbole fort, une question subsiste : pourquoi s’arrêter à la seule vitrine publique ? Pourquoi ignorer les 200 organes de presse privée que compte le Gabon, dont une dizaine à peine arrivent tant bien que mal à assumer un rôle de contrepoids démocratique, d’information pluraliste et de relais territorial dans des zones oubliées du service public ? À l’heure où le président Brice Clotaire Oligui Nguema appelle à pratiquer un journalisme de responsabilité, d’exigence et d’ancrage républicain, il est urgent que le ministre Gondjout étende sa démarche à l’ensemble de l’écosystème médiatique.

Une immersion attendue dans la presse privée

Les quotidiens en ligne, hebdomadaires papier, chaînes digitales ou radios communautaires forment l’ossature invisible mais résiliente de l’espace informationnel gabonais. Ce sont eux, et non les chaînes d’État, qui ont documenté les revendications sociales, couvert les élections en zones rurales, dénoncé les abus de pouvoir ou encore, révélé les lacunes d’un État défaillant dans les périphéries.

Dans un pays où la fracture territoriale médiatique est béante – à l’image de Mbigou, sans radio ni télévision depuis 15 ans – la presse privée joue souvent, sans moyens, le rôle du dernier recours. Pourtant, elle est écartée des plans de financement structurants, subventionnée dans l’opacité, surveillée par une HAC que les éditeurs de presse, appelent à réformer de tout leur vœux. 

Une réforme sans les principaux acteurs ?

Réformer la communication au Gabon sans écouter ses principaux opérateurs serait une erreur politique, une faute méthodologique et un reniement du serment présidentiel. Car rétablir un journalisme de qualité, structurer la diffusion d’une information fiable et renforcer l’éducation civique du public ne se décrète pas depuis les lambris dorés de la Maison Georges Rawiri. Cela s’ancre dans la réalité des rédactions privées, souvent exsangues mais debout, où des journalistes, au péril de leur intégrité, continuent de faire vivre l’éthique du métier.

Monsieur le Ministre, une visite à Gabon Media Time, au Mbandja, à L’Aube, à Gabon Review ou à TV+ s’impose. C’est là, dans ces couloirs exigus mais vivants, que se joue aussi l’avenir de la Cinquième République médiatique. C’est là que se construit, au quotidien, une information indépendante, capable d’éclairer, de confronter, de proposer. Visiter Radio Gabon est un acte symbolique. Mais parcourir la presse privée, c’est un acte politique. Un acte républicain. Et aujourd’hui, c’est de cela dont le pays a besoin.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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