Opération déguerpissement des trottoirs: Matha a-t-il mis la charrue avant les bœufs ?
Dans l’optique d’embellir Libreville et de veiller à l’entretien des bassins versants, une délégation gouvernementale conduite par Lambert-Noël Matha a lancé, le samedi 17 décembre dernier, l’opération déguerpissement des trottoirs. Seulement, cette mesure semble avoir été appliquée sans se mettre martel en tête des mécanismes d’accompagnement ou des espaces aménagés pour ces opérateurs économiques et ces ménages.
Du Rond-point de Nzeng-Ayong au Carrefour SNI Owendo en passant par l’échangeur IAI, le spectacle était de mise le samedi 17 décembre dernier. En effet, entouré de ses collègues de l’Habitat, Olivier Abel Nang Ekomiye et des Travaux Publics Toussaint Kouma Emane, le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha a décidé de jeter le masque de la complaisance pour laisser place à l’intransigeance.
C’est donc armé du bâton de la destruction que le membre du gouvernement a ordonné aux forces de l’ordre et aux engins du Génie militaire de réduire à néant l’ensemble des commerces jouxtant et faisant partie du domaine public. Boxes de commerce, restaurants fast food, étales, tout y passait. Autant dire que l’heure est à la décision et non à la négociation. Et ce, même si la démarche semble abrupte dans un contexte de relance après 2 ans de crise Covid-19.
Dans cette optique, Lambert-Noël Matha aurait dû se muer en négociateur le temps que des mesures palliatives soient mises sur pied. Au nombre de celles-ci l’aménagement de zones propices. Pour le cas de Nzeng-Ayong, le marché municipal est débordé et insalubre. Au Carrefour SNI Owendo, il est impossible de rivaliser avec les magasins détenus par la richissime communauté libanaise en étant loin de la route.
Nul doute qu’en période de relance, l’embellissement, l’esthétique urbaine et environnementale valent plus que l’activité économique. Que dire des personnes déguerpies des zones dites à risques sujettes aux éboulements ? Le dernier épisode de relogement s’étant clos sur un abandon de ces personnes qui doivent composer, loin de la ville, sans eau ni titre foncier. Les agents de L’ANUTTC présents lors de la destruction sont pourtant au fait du dossier. Pour l’heure, le gouvernement se félicite.