Ndong Sima: «Le Haut-Ogooué en détresse respiratoire»
L’accident de train survenu le 23 décembre 2022 a mis en situation de sinistre grave une partie du pays dans cette insoutenable indifférence qui caractérise désormais le Gabon et les Gabonais.
Les images des passagers sur les routes dont certains avec des cercueils, les audios des congressistes en difficulté dans les hôtels, les échauffements entre pères et mères de famille pour se disputer des bouteilles de gaz à Lastourville, Franceville et dans les autres localités des G2, G7 ; les voitures abandonnées par leurs propriétaires faute de carburant, ne sont que la partie émergée d’un iceberg dont on ne mesure pas la taille.
Toutes ces scènes attestent de la gravité d’une situation ubuesque, surréaliste construite par les contradictions politiques qui ont prétendu s’imposer aux mécanismes économiques sans parvenir à se soustraire leur implacable logique et à cette réalité triviale que les prix sont les arbitres sans cœur dans l’affrontement entre l’offre et la demande des produits. Quand l’offre est insuffisante, les prix grimpent.
Membres de la CEMAC, nous utilisons la même monnaie mais nous faisons des arbitrages économiques curieux pour ne pas dire incompréhensibles qui échappent au simple bon sens économique mais plombent notre compétitivité.
Alors que nous pourrions trouver auprès des pays voisins de meilleures conditions d’approvisionnement ou d’évacuation et améliorer notre compétitivité ; des choix, difficiles à qualifier, nous ont conduit à privilégier de longue date des sources d’approvisionnement qui font de Libreville le pivot central y compris lorsque nous en payons le prix fort (pouvoir d’achat, compétitivité etc). Dans le même temps, nous ne nous sommes jamais assurés de l’existence de solutions alternatives dans l’hypothèse où surviendrait le genre de situation auquel cet accident soumet l’arrière-pays.
Le sud-est est étranglé, pris à la gorge par une spirale inflationniste intenable qu’aucune mercuriale ne saurait ou ne pourrait contenir sérieusement. Ne faut-il pas craindre à cette allure que les hôpitaux et les écoles ne soient pas en mesure de suivre et ne ferment.
Mais au fond, qu’est ce qui marche encore ?
Raymond Ndong Sima