Mitzic : les agents d’ABG dénoncent 4 mois d’arriérés de salaires et des conditions de travail déplorables

À Mitzic, troisième ville de la province du Woleu-Ntem, les agents de la société Agro-Business-Group (ABG), ex-Siat-Gabon, expriment leur ras-le-bol. En cause, quatre mois d’arriérés de salaires, des conditions de travail jugées dégradantes et une précarité contractuelle qui, selon eux, viole les droits les plus élémentaires des travailleurs.

Depuis plusieurs jours, la tension monte dans cette entreprise agricole emblématique du Nord du Gabon. Regroupés au sein d’un collectif, les employés d’ABG ont tenté d’organiser une marche pacifique le samedi 24 mai 2025. Un mouvement qui a finalement été suspendu à la suite d’une médiation menée par le gouverneur de la province, Jules Djeki.

« M. le gouverneur a initié une médiation qui a porté ses fruits puisque les travailleurs ont décidé d’annuler la marche pacifique qu’ils voulaient organiser », a indiqué une source proche de la plus haute autorité administrative de la province, contactée par l’Agence gabonaise de presse (AGP).

Salaires impayés, absence de soins, précarité contractuelle

Mais au-delà de cette suspension temporaire du mouvement de protestation, le fond du problème demeure. Les agents dénoncent non seulement le non-versement de leurs salaires depuis quatre mois, mais aussi des arriérés accumulés sur cinq années. À cela s’ajoutent les prélèvements sociaux effectués mais non reversés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), une situation qui compromet gravement leur accès aux soins et à la retraite.

Dans un document adressé aux autorités locales, les travailleurs pointent également l’absence d’infrastructures sanitaires, d’eau potable et d’un économat sur le site. « Comment peut-on exiger de nous un rendement optimal quand les conditions minimales de dignité humaine ne sont pas réunies ? », interroge un employé sous anonymat.

Autre grief majeur : l’absence de contrats à durée indéterminée pour des employés ayant pourtant plus de dix ans d’ancienneté. Une précarité persistante qui interroge sur les obligations de l’entreprise envers ses salariés, alors même que celle-ci bénéficie d’une implantation stratégique et d’un capital d’expérience dans l’agro-industrie gabonaise.

Alors que le Gabon ambitionne de relancer son secteur agricole comme pilier de sa diversification économique, la situation des employés d’ABG rappelle avec force que développement et dignité doivent aller de pair. Les autorités locales sont désormais attendues sur des mesures concrètes pour faire respecter les droits sociaux des travailleurs.