Mike Jocktane : « c’est honteux d’intégrer l’amnistie dans une Constitution »
Devant la presse nationale et internationale, ce mardi 8 octobre 2024, le Dr. Mike Jocktane a passé au crible quelques dispositions contenues dans le projet de Constitution bientôt soumis à la validation du peuple lors du référendum à venir. Le Président du Gabon Nouveau est revenu sur l’amnistie accordée aux militaires qu’il ne récuse pas, mais dont l’importance d’en faire mention dans la loi fondamentale lui semble « inopportune et honteuse ».
Fidèle à sa vision pour le Gabon qu’il souhaite désormais sur des bons rails après la chute du régime Bongo PDG, le Dr. Mike Jocktane a relevé quelques incongruités contenues dans le projet de Constitution dont la monture a été actée par les parlementaires après les 801 amendements proposés. S’il admet que les coups de force peuvent aboutir à des gratifications pour celles et ceux qui y ont contribué directement, le président de Gabon Nouveau déplore l’intégration de ces mesures exceptionnelles dans la Constitution.
L’amnistie dans la Constitution, c’est honteux !
C’est la position tranchée, mais assumée, du Dr. Mike Jocktane sur l’intégration de l’amnistie des auteurs du coup d’État d’août 2023 dans la loi fondamentale. Interrogé par un de nos confrères sur son appréciation de ladite mesure dont les militaires réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) seraient les seuls bénéficiaires, l’homme politique approuve l’idée de leur accorder une amnistie, voire des cadeaux sans que cela ne figure dans la Constitution. « Je ne suis pas contre le principe d’amnistier les militaires qui ont fait le coup d’État. Je ne suis pas contre le principe de faire des cadeaux », a-t-il précisé.
Poursuivre son propos, le président de Gabon Nouveau n’a pas manqué de faire la démonstration de l’illogisme apparent de cette volonté d’insérer l’amnistie des membres du CTRI dans la Constitution de la République. « Je suis contre le fait que l’on inscrive dans la Constitution une telle disposition. La Constitution doit être impersonnelle et intemporelle. Il peut y avoir une loi qui est votée au Parlement qu’ils pourront brandir à chaque fois qu’ils se sentiront menacés si c’est nécessaire. Mais pas dans la Constitution », a-t-il souligné.
Non sans manquer de mettre en exergue l’absence de cohérence dans le temps. « Je trouve que c’est honteux, c’est ridicule pour notre pays d’intégrer ce type de dispositions dans un texte qui a vocation, peut-être, à être lu dans 200 ans, 300 ans, voire 500 ans […] Les membres du CTRI qui ont fait le coup d’État dans 50 ans, ils ne seront plus là », a conclu Mike Jocktane à ce propos. Une sortie qui a le mérite de remettre sur la table le débat autour de cette question charnière pour l’avenir du Gabon.