Maurel & Prom : un délégué syndical et un délégué du personnel bientôt licenciés pour « motifs fallacieux » ?
C’est le scénario ubuesque que seraient en train de vivre deux agents de l’entreprise pétrolière française Maurel & Prom. En effet, accusés d’avoir porté atteinte à l’éthique et à la sécurité de ladite entité privée , pour des raisons jugées « fallacieuses » , Jean François Abiaghe, délégué syndical de l’entreprise et Marc N’nang Nguema, délégué du personnel, sont en voie d’être licenciés de manière « arbitraire » selon l’Onep.
À l’heure où le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) prône la dignité humaine, il semble dissonant que certaines composantes du tissu économique ne se prêtent pas au jeu du dialogue social. Ce serait le cas depuis quelques jours, la cité du pétrole est secouée par une affaire mettant aux prises le directoire de Maurel & Prom à deux de ses agents jouissant de plus de 15 ans de services, par ailleurs représentants des employés. Il s’agit des compatriotes Jean François Abiaghe et Marc N’nang Nguema respectivement délégué syndical et délégué du personnel.
Au diable le dialogue social prôné par le CTRI ?
Le 25 février 2024, une marche pacifique est organisée sur le site de MPG par des agents de ladite société. Dans ces entrefaites, des prises d’images ont été faites et compilées par les délégués syndical et personnel avant de les diffuser via whatsapp. Informée, la direction générale de la société pétrolière française a dénoncé des atteintes à l’éthique, à la réputation et aux règles de sécurité. Faisant amende honorable en lieu et place de l’ensemble du personnel, les deux délégués vont présenter des excuses. Un geste qui aurait été accepté par Matthieu Thabault et son DRH Arthur Mbina Nzamb.
Contre toute attente, le directoire aurait décidé de sévir à l’encontre des deux agents syndiqués pour semble-t-il « servir d’exemple ». Après des demandes d’explications auxquelles les deux représentants du personnel se sont prêtés en bon père de famille, il a été tenu un conseil de discipline et ce, en leur absence. Une violation à la réglementation. MPG aurait enclenché des licenciements. Sapristi ! Quelles lois autorisent la sanction contre un agent qui revendique ses droits légaux ? La trêve sociale n’a-t-elle plus de valeur en entreprise ? Toujours est-il que les dirigeants de cette entreprise ont initié des procédures de licenciement.
L’Onep indignée par la méthode MPG
Dans son courrier adressé au gouverneur de la province de l’Ogooué Maritime, les délégués syndicaux et du personnel de MPG révèlent que « le lundi 25 mars 2024, l’Inspecteur Spécial du Travail Chargé du Secteur Pétrolier (ISTRAP) en la personne de Thérence Cédric Mbadinga Moussavou a convoqué la Direction Générale de Maurel et Prom et l’ensemble des délégués à une réunion d’apaisement afin de rétablir le dialogue ». Une tentative vaine puisque le directoire a tenu mordicus. Il aurait même argué,selon notre source, qu’il serait prêt à payer 600 millions FCFA en frais d’honoraires à leurs avocats.
Une position qui démontre ce qui s’apparente à un acharnement envers ces deux pères de famille. Autrement dit, MPG ne serait heureuse que si ces compatriotes se retrouvent sans emploi et ce, pour des motifs que l’organisation nationale des employés du pétrole (Onep) qualifie de « fallacieux ». Joint par nos soins, son secrétaire général s’est dit indigné par l’attitude de MPG. « Effectivement Maurel & Prom est dans cette démarche : 2 convocations à l’entretien préalable au licenciement ont été adressés à un délégué du personnel et un délégué syndical. Le motif fallacieux évoqué par l’employeur est violation de la charte d’éthique », a déploré Sylvain Mayabi Binet. Le CTRI pourrait travailler à ramener de la quiétude au sein de ladite structure, partenaire à l’État.