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Marcel Libama : « au Gabon, quand on veut arrêter un journaliste, un syndicaliste, un opposant, on utilise des prétextes »

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Réagissant à la garde à vue prolongée d’Harold Leckat, directeur de publication de Gabon Media Time, le député de la Transition Marcel Libama a dénoncé ce qu’il qualifie de « recul démocratique ». C’était au terme du point de presse organisé Ce 20 octobre 2025 par le Collectif des organisations de la presse gabonaise, tenu au siège du média. Pour le défenseur des droits humains, cette situation traduit une persistance de pratiques d’un autre âge. « Le pouvoir d’Ali Bongo est tombé non pas par excès de démocratie, mais par insuffisance de démocratie », a-t-il rappelé, estimant qu’à l’ère de la Ve République, la presse devrait être protégée, non inquiétée. Et d’ajouter « Moi-même ayant été victime de ces méthodes, je pensais qu’à ce stade, nous ne devrions plus voir la résurgence des monstres de l’ancienne époque ».

Marcel Libama a tenu à replacer cette affaire dans une perspective plus large, celle des libertés publiques et du rôle des journalistes. Citant Albert Londres, il a souligné que « le journaliste doit porter la plume dans la plaie » et qu’il ne peut être indifférent face à la corruption ou à toute forme de privation de liberté. Selon lui, l’arrestation d’Harold Leckat est révélatrice d’un pouvoir encore réticent à libérer l’énergie citoyenne. « Nous connaissons, dans ce pays, quand on veut arrêter un journaliste, un syndicaliste, un opposant ou un homme politique, on utilise des prétextes », a-t-il martelé, avant de rappeler les précédents cas de Jean-Rémi Yama, Désiré Ename, Jonas Moulenda ou encore Alphonse Ongouo.

« Nous sommes à l’ère de la restauration des institutions »

Pour le député de la Transition, le traitement réservé à Harold Leckat illustre les contradictions d’un système censé être en reconstruction. « Il est inadmissible qu’on aille cueillir un journaliste qui rentre de son pays de cette manière. Cela ne devait plus avoir lieu dans la Ve République », a-t-il insisté. Marcel Libama appelle ainsi à une réaction directe du chef de l’État, à qui il adresse un avertissement « Quelqu’un disait, méfiez-vous de vos amis. Mes ennemis, je les connais. Et je crois que le président de la République doit se méfier de ses alliés. C’est comme ça qu’Ali Bongo est tombé ». Pour lui, les accusations financières ou autres portées contre Harold Leckat ne sont qu’un « prétexte », et la véritable raison résiderait dans les écrits de Gabon Media Time qui « dérangent certains collaborateurs du pouvoir ». Marcel Libama dit refuser l’indifférence face à cette situation, qualifiant celle-ci de « lâcheté » et de « poids mort de l’histoire ».


L’élu a appelé à un « sursaut national » et à un « ressaisissement », dénonçant des actes qui, selon lui, « salissent l’entrée dans la Ve République ». « Un, cette élection abracadabrantesque. Deux, l’arrestation d’Harold Leckat », a-t-il énuméré, rappelant que le Gabon ne doit plus reproduire « les pratiques du système Bongo-PDG ». Marcel Libama a enfin interpellé une nouvelle fois le président de la République « Je dis bien, la libération d’Harold Leckat doit être sans condition. Parce que l’image du Gabon est ternie. Nous voulons la rupture avec ces pratiques d’un autre âge ».

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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