Législatives en France : le pays ingouvernable ?
A la suite de l’échec de sa coalition aux élections européennes, le président de la République Française, Emmanuel Macron a convoqué des élections législatives anticipées pour les 30 juin et 8 juillet 2024. Au terme du second tour, les résultats ont donné un léger avantage à la coalition de gauche rassemblée autour du Nouveau Front Populaire (NFP), plongeant ainsi le pays dans une situation de crise politique puisqu’aucune majorité ne se dégage de ce scrutin.
Emmanuel Macron avait présenté ce renouvellement inattendu de l’Assemblée nationale comme une occasion de clarification. A défaut, le président Français semble avoir agité le chiffon rouge en tentant à présent de forcer les différents appareils politiques à concilier leurs positions en vue de parvenir à une majorité pouvant s’accorder sur un gouvernement de mission.
Un Premier ministre introuvable, Macron accusé de confisquer la démocratie
24 heures seulement après l’échec de sa majorité aux législatives, le Premier ministre Français Gabriel Attal a proposé sa démission au président de la République comme il est de coutume sous la 5ème République. Une démission dans un premier temps refusée par le patron de l’Elysée qui a décidé de s’accorder du temps pour désigner un nouveau chef du gouvernement. Une trajectoire qui ne convient pas à l’alliance de gauche arrivée en tête et qui réclame le poste de Premier ministre comme il est là aussi de coutume en pareille situation. Cependant, cette même gauche composée de nombreuses formations politiques de poids telles que le Parti socialiste, La France insoumise de Jean Luc Mélenchon ou encore les écologistes, peine à se mettre d’accord sur une figure pouvant incarner la Primature.
Cette situation est aggravée par les postures de certains responsables politiques d’autres formations à l’instar de la droite Républicaine et du parti d’extrême droite incarné par Marine le Pen, qui ont d’ores et déjà indiqué qu’en cas de nomination d’un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire, ils renverseraient le gouvernement par le mécanisme du vote d’une motion de censure. Si Emmanuel Macron a finalement accepté la démission de son Premier ministre au terme d’un Conseil des ministres qui s’est tenu ce 16 juillet, il compte désormais sur un pragmatisme de la classe politique afin qu’une majorité allant de la droite Républicaine au Parti socialiste se dégage en vue de mettre en place un gouvernement qui devrait au moins tenir jusqu’à l’année prochaine.
Il faut dire que la date de ce 18 juillet est cruciale dans cette situation complexe puisque le vote du ou de la Président(e) de l’Assemblée nationale devrait avoir lieu. Un poste crucial qui donne déjà lieu à des négociations entre les différents appareils en vue de peaufiner des stratégies. Dans cette cacophonie, la France insoumise qui peine à se mettre d’accord avec ses camarades de gauche sur le visage du Premier ministre, avait proposé à ses alliés de surseoir les discussions et de se mettre d’accord sur un candidat commun pour prendre la tête de l’Assemblée nationale. C’est désormais chose faite puisque c’est André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme qui a fait consensus. Si ce député de 74 ans venait à être élu, le pari de la France insoumise est que cela pourrait accentuer un peu plus la pression sur Emmanuel Macron qui, jusque-là, refuse de nommer un Premier ministre NFP comme le veut la coutume républicaine. Une posture qui conduit les forces de gauche à accuser le chef de l’Etat de confisquer la démocratie française.