Législatives 2025 : les députés de la transition sans base électorale face au verdict des urnes

À l’approche des législatives du 27 septembre 2025, plusieurs députés de l’Assemblée nationale de transition, nommés après le coup d’État du 30 août 2023, se retrouvent fragilisés. Dépourvus d’ancrage électoral solide, ces élus issus de profils variés – anciens militants du Parti démocratique gabonais (PDG), activistes, figures de la société civile – peinent à convaincre sur le terrain et affrontent désormais un test grandeur nature : celui du suffrage universel.
Une Assemblée issue des nominations post-coup d’État, mais pas des urnes. Instituée par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) au lendemain du renversement d’Ali Bongo Ondimba, l’Assemblée nationale de transition se voulait avant tout consensuelle. On y retrouvait un mélange hétérogène d’acteurs : ex-parlementaires du PDG, militants associatifs, activistes connus ou représentants de la société civile.
Cette composition, pensée pour refléter la diversité des sensibilités nationales, a produit des situations atypiques. Dans certaines localités, un seul siège est normalement attribué en période de régime ordinaire. Or, sous la transition, deux voire trois ressortissants se sont retrouvés simultanément à l’hémicycle. Une configuration qui, aujourd’hui, interroge.
« Envoyés à l’Assemblée nationale sans critères électoraux précis, les populations demandent désormais le retour à leurs administrations d’origine pour ceux qui en ont, ou à leurs occupations initiales », commente un observateur de la vie politique gabonaise.
La tentation de prolonger une parenthèse confortable
Si certains députés de transition ont toujours vu leur mandat comme temporaire, d’autres, séduits par les avantages parlementaires – frais de souveraineté, indemnités et prestige lié à la fonction – ont décidé de se lancer dans la course aux législatives.
Problème : sans implantation locale, ni réseau militant, la bataille électorale s’annonce périlleuse. Les électeurs, désormais en demande de représentants légitimes issus de leur suffrage, pourraient sanctionner sévèrement ces candidatures. « Le résultat est prévisible », tranche un analyste politique, rappelant que la transition n’a pas produit des figures politiques enracinées sur le terrain.
Un moment de vérité pour la démocratie post-transition
Pour la jeune Ve République, ces élections représentent un moment charnière. Le scrutin dira si la transition aura permis de rapprocher les institutions des citoyens ou si elle aura simplement déplacé le centre du pouvoir vers des figures nommées, éloignées des réalités locales.
Le 27 septembre, le verdict des urnes sera plus qu’un résultat électoral : il sera une réponse claire à la question de savoir si l’expérience parlementaire de la transition a renforcé, ou au contraire affaibli, le lien entre le peuple et ses représentants.
GMT TV