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La Tyrannie du «Catenaccio»

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Dans l’extrême sud du Gabon, quand le Conseil des Sages se réunit pour régler les conflits du village, on utilise régulièrement cet adage : « Un problème arrive toujours par petites choses. » D’où la nécessité de le régler dès le début, avant qu’il n’atteigne un point de non retour. Richard Nixon, quelques années plus tard, après avoir été balayé de la Maison Blanche par le scandale du Watergate, ne disait pas autre chose. Dans une interview accordée aux journalistes de la NBC il donne ce conseil à ses successeurs : ” Accomplissez de grandes choses du mieux que vous pouvez, mais dès qu’une petite chose se présente, dépêchez-vous de la régler, sinon elle grossira et un jour, elle pourra vous détruire. “

Au moment où notre pays traverse une phase morose persistante, ces deux sagesses devraient nous interpeller et éclairer les actions décidées par les nouvelles éminences du régime. Il faut arrêter avec la politique de l’autruche. Le Gabon est confronté à un profond malaise et il y a urgence à régler avec responsabilité tous les problèmes de fond qui bloquent son fonctionnement harmonieux.

Le risque de voir monter en flèche les tensions sociales et autres mouvements catégoriels, est une hypothèse crédible. Les syndicats sont toujours vent debout et le gouvernement, accablé de reproches, n’apparaît pas au rendez-vous du dialogue social pour trouver des compromis apaisants. Son action est quotidiennement questionnée par une opinion publique lassée par la minceur des résultats. Quand elle ne dénonce pas les inégalités et les injustices dans la répartition équitable des ressources du budget national, qui profite encore trop à une minorité de privilégiés.

Winston Churchill disait que ” les critiques sont bonnes pour l’âme ” et il ne s’est jamais privé d’en recevoir. La jeune classe dirigeante ferait bien de s’en inspirer plutôt que de vouloir imposer le silence, voire l’opprobre, à tous ceux qui prônent le dynamisme et l’efficacité du travail gouvernemental et qui souhaiteraient une reprise en mains directe des affaires du pays par le chef de l’Etat. Une telle brutalité mesquine à l’encontre d’avis divergents, tout en étant soucieux du bien commun, ne peut que nuire au dialogue nécessaire et au consensus, source de stabilité et socle de l’unité nationale.

Les réponses données aux différentes revendications sectorielles apparaissent comme frisant l’arrogance. Valoriser l’affrontement permanent tous azimuts n’est pas une stratégie tenable à long terme, face à une population remontée, frustrée et découragée par la montée des prix des denrées de première nécessité et un chômage endémique. Par ailleurs, il devient impérieux de desserrer cette espèce de « catenaccio » (cadenas) érigé autour du Président de la République, pour faire référence au système de jeu ultra défensif du football italien qui consiste à verrouiller ses buts et à bloquer les joueurs de l’équipe adverse dans ses mouvements offensifs. Il revient à un chef de consulter largement, d’être informé des remontées du terrain, et même d’écouter ses opposants pour décider en connaissance de cause, quand les impératifs du moment l’exigent.

Germain Ngoyo Moussavou

Journaliste

Gabon Media Time

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