Grand Libreville : jupes courtes, make-up, tatouage, ces lycéennes 2.0 !
Dans les cours de récréation et les couloirs des lycées du Grand Libreville, un phénomène inquiète de plus en plus les parents et les enseignants. Il s’agit de l’exhibitionnisme vestimentaire et le maquillage excessif chez certaines lycéennes. Jupes ultra-courtes, chemisiers déboutonnés laissant deviner soutiens-gorge et décolletés, gloss criard, faux cils, vernis flashy et même tatouages apparents, l’uniforme scolaire, censé garantir l’égalité et la décence, semble appartenir à une autre époque.
Dans plusieurs établissements publics comme privés de la capitale du lycée national Léon Mba au collège et lycée Bessieux, en passant par des établissements privés comme Awassi ou Colbert, la même scène se répète. Si la majorité des élèves respectent encore les codes scolaires, il y a une caste d’adolescentes qui arborent fièrement des tenues qui flirtent avec les codes de la nuit. « On dirait qu’elles viennent en boîte plutôt qu’en cours de maths », lâche, désabusé, un surveillant du Lycée Paul Indjendjet Gondjout.
Si jeunesse savait…!
Face à cette situation de déviance sociale, il y règne une loi d’omerta. Une sorte de tolérance, voire de résignation, des directions et des autorités éducatives. Malgré les règlements intérieurs qui, théoriquement, interdisent le maquillage voyant, les jupes trop courtes ou les modifications de l’uniforme, les sanctions restent rares. « On leur fait la remarque, elles promettent de se changer, et le lendemain c’est reparti », confie une professeure de français au lycée de Nzeng-Ayong sous couvert d’anonymat. Certaines lycéennes n’hésitent plus à répondre aux adultes : « C’est mon corps, corrigez mes notes pas ça. »
À y voir de près, cette dérive n’est pas seulement esthétique. Bien au contraire, elle traduit une perte progressive des repères. « Quand on accepte que l’école devienne un podium de mode ou un espace d’exhibition sexuelle, on ouvre la porte à d’autres dérives, y compris les violences et le harcèlement », a d’ailleurs souligné Lyonnel Mbeng Essone, journaliste à Gabon Media Time, lors d’une table ronde sur les questions jeunesse en novembre dernier. Autant dire que dans un pays où les questions de mœurs restent sensibles et où l’on dénonce régulièrement la « décadence occidentale », cette permissivité surprend.
Comment expliquer que des établissements privés, souvent plus stricts, ferment aussi les yeux ? Manque de moyens pour contrôler ? Peur des réactions des parents influents ? Ou simple lassitude face à une jeunesse qui impose ses codes ? Il est urgent que le ministère de l’Éducation nationale prenne le problème à bras-le-corps. Cela implique la révision et l’application ferme des règlements, campagnes de sensibilisation, dialogue avec les familles. Car laisser ces lycéennes 2.0 réécrire seules les règles de l’école, c’est accepter, peu à peu, que l’institution scolaire perde son autorité et son sens premier qui est de former des citoyens responsables plutôt que des influenceuses en herbe.








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