Gabon : « Voter non, c’est voter contre Oligui », un amalgame entretenu par des profito-situationnistes ?
Le débat autour de l’opportunité de voter Oui ou Non au référendum portant sur l’adoption de la nouvelle Constitution donne lieu depuis plusieurs jours à un certain nombre de manipulations. La preuve avec le discours ambigu porté par certains partisans du Oui qui dans leur vaudeville insinueraient face aux populations que ce vote serait lié au statut du président de la Transition le Général Brice Clotaire Oligui Nguema et que voter contre, serait un affront fait à ce dernier.
Plus subtil que le recours à la force, l’art de la manipulation en politique consiste à modifier le comportement d’une cible déterminée en transformant sa perception du réel. Une technique usitée dans le discours politique qui a fait un bonhomme de chemin au Gabon et qui semble avoir pris de l’ampleur depuis l’avènement au pouvoir du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) présidé par le Général Brice Oligui Nguema.
Il faut dire que plusieurs observateurs n’ont de cesse d’alerter sur l’entourage de plus en plus controversé du chef de l’Etat, qui ont fait de l’usage de cette forme de manipulation un marchepied pour se frayer une place au soleil et ainsi donner l’illusion au président de la Transition d’une maîtrise du terrain. D’ailleurs, dans cette veine, le débat autour du projet de Constitution serait désormais l’occasion pour certains d’insuffler auprès des populations des contre vérités susceptibles de semer le doute lors du scrutin référendaire.
En effet, dans le cadre de leur campagne, contrevenant d’ailleurs aux dispositions légales notamment l’article 69 nouveau de la loi 07/96 du 12 mars 1996 portant dispositions communes à toutes les élections politiques modifiée, ces derniers insinueraient subtilement que voter non au référendum serait voter contre le président de la Transition. Une assertion qui serait loin de la réalité puisque tout logiquement, l’élection référendaire n’a rien à voir avec un plébiscite en faveur ou non du président.
Une position d’ailleurs rappelée par le sénateur de la Transition, Jean Remy Yama qui, dans une interview accordée à Gabon Media Time, a indiqué que « ceux qui relient le oui ou le non à la situation du président Oligui font preuve de faiblesse ». « Le non, a-t-il dit, n’est pas un non au président Oligui Nguema parce que le président n’est pas lié à cette Constitution », a-t-il rappelé. Gageons que l’esprit de responsabilité saura prévaloir à l’avenir, comme l’a d’ailleurs appelé de ses vœux le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, lors de son point de presse du 1er octobre.