Gabon: vers un sursaut infrastructurel avec le FANEIR ?

Présenté le 17 juin 2025 par le ministre des Travaux publics, Edgard Moukoumbi, le projet de loi portant création du Fonds autonome national d’entretien et d’investissement routier (FANEIR) vise à répondre à l’urgence de l’effondrement du réseau routier gabonais. En misant sur un mécanisme financier pérenne, ce texte veut rompre avec les logiques de sous-financement chronique pour initier une véritable stratégie nationale de modernisation des infrastructures.
Le constat est implacable. Dans l’ensemble du territoire, la dégradation avancée des routes fragilise les activités économiques, freine l’accès aux services essentiels et alimente le sentiment d’abandon des populations rurales. Avec l’ambition de doter l’État d’un outil dédié à l’entretien et à l’investissement dans les infrastructures routières, le gouvernement entend sortir de la logique des budgets aléatoires. Présenté devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale de la Transition, le texte marque une étape déterminante dans la volonté d’assainir et de structurer durablement la politique d’aménagement du territoire.
Un fonds pour réparer la fracture territoriale
Dans les zones rurales, l’enclavement a un coût. Il fragilise l’agriculture, l’accès à l’école, à la santé et à l’administration. À moyen terme, il accélère l’exode vers les centres urbains, déjà saturés. Le FANEIR, en s’attaquant aux racines structurelles de cette inégalité, pourrait rétablir un droit fondamental : celui de circuler librement, en toute saison, sur l’ensemble du territoire. Pour les décideurs, il s’agit de réaffirmer que la route est un levier de développement et de justice sociale.
Cependant, la réussite de cette réforme dépendra moins de l’existence du fonds que de la rigueur avec laquelle il sera géré. L’Assemblée nationale devra exiger des garde-fous : transparence, contrôle parlementaire, audit annuel et publication des projets réalisés. Sans cela, le FANEIR risque de devenir un outil de plus, détourné de sa vocation première.
Une réforme qui appelle des moyens à la hauteur
Au-delà des intentions affichées, le succès du FANEIR sera conditionné par la capacité du gouvernement à mobiliser durablement des ressources internes et externes. Les partenariats avec les bailleurs, les entreprises extractives et les banques de développement devront être activement recherchés. La réaffectation intelligente de certaines taxes routières ou sur les hydrocarbures pourrait aussi être envisagée comme source de financement pérenne.
En définitive, avec ce projet de loi, Edgard Moukoumbi et le gouvernement de Transition posent une première pierre d’une réforme attendue depuis des décennies. Mais le chemin vers une gouvernance routière efficace et inclusive sera long. Il exigera du courage politique, une mobilisation citoyenne et un suivi institutionnel rigoureux. Le FANEIR, bien plus qu’un acronyme, pourrait alors devenir le symbole d’un État qui tient enfin parole.
GMT TV