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Gabon : «Un live ne peut pas dicter la loi» alerte Alice Adibet

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L’interdiction faite aux étrangers de pratiquer certaines activités commerciales informelles, décidée par le gouvernement après la diffusion d’une vidéo virale, continue de susciter des réactions. Pour Alice Adibet, membre du Congrès des Citoyens Libres et ancienne militante du mouvement Bongo Doit Partir, cette décision illustre « la fragilité d’un pouvoir qui confond la rue avec l’État ».

« Le gouvernement a choisi la rue, pas la raison ». Réagissant à chaud à la polémique née d’un live diffusé sur les réseaux sociaux, le gouvernement gabonais a annoncé l’interdiction de certaines activités aux étrangers, notamment dans le secteur du commerce informel. Une décision que dénonce fermement Alice Adibet.

« La politique devrait viser le bien commun et non flatter les passions collectives. En transformant une indignation populaire en politique publique, le gouvernement a abandonné la logique de la raison pour celle de l’instinct », a-t-elle fustigé.

Pour cette figure de la société civile, céder à l’émotion, c’est déjà « trahir la mission même de l’État, qui est d’apporter un cadre rationnel et légal là où règnent les désordres ».

Une loi ignorée, recyclée à la hâte

Alice Adibet rappelle par ailleurs que la « gabonité des métiers » est déjà inscrite dans la législation nationale, mais qu’elle n’a jamais été appliquée. « Le problème n’était pas l’absence de loi, mais l’absence d’application. Plutôt que d’assumer cette carence et de renforcer l’État de droit, le gouvernement a choisi la fuite en avant : improviser, céder à la rue, et recycler mal une règle qu’il n’a jamais su mettre en œuvre », a-t-elle insisté.

Cette sortie met en lumière une contradiction majeure : l’État, au lieu d’exercer son autorité à travers des mécanismes de suivi et de contrôle, se contente de décisions spectaculaires sans lendemain.

« Ce n’est pas un État fort, c’est un État fragile »

Au-delà du cas précis du commerce informel, Alice Adibet y voit un signe préoccupant de gouvernance à vue. « En transformant une vidéo virale en décret national, le gouvernement gabonais a troqué la stabilité pour la précipitation, la raison pour l’émotion. Ce n’est pas la marque d’un État fort : c’est le symptôme d’un État fragile », a-t-elle tranché.

Une critique qui fait écho aux interrogations d’une partie de l’opinion sur la capacité du pouvoir à instaurer des politiques publiques durables dans le cadre de la Vᵉ République. Car si l’État cède aujourd’hui à la pression d’un live, demain, prévient-elle, « il n’aura plus de légitimité à imposer des règles qui exigent patience, rigueur et constance ».

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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