Derniers articlesSOCIETE

Gabon : taxe d’habitation, gare aux branchements directs !

Ecouter l'article

L’annonce de la mise en place de la Taxe forfaitaire d’habitation (TFH) à partir du 1er janvier 2026 suscite une vive anxiété parmi les Gabonais. Prélevée mensuellement via les factures d’électricité de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), cette nouvelle contribution, variant de 1 000 à 30 000 FCFA selon les zones géographiques, est perçue comme un alourdissement supplémentaire des charges ménagères et ce, alors que le chômage croît davantage et de pouvoir d’achat chute.

Selon le gouvernement et les autorités publiques compétentes, la Taxe forfaitaire d’habitation vise à élargir l’assiette fiscale et à générer environ 2,8 milliards de FCFA par an pour financer l’amélioration des services urbains, comme la propreté et les infrastructures locales. Progressif, le barème prévoit des montants modérés dans les quartiers populaires, autour de 1 000 FCFA et plus élevés dans les zones huppées, jusqu’à 30 000 FCFA. Environ 60 000 foyers précaires, détenteurs de compteurs sociaux, en seront exemptés, et les zones rurales le seront dans un premier temps. 

La TFH, un outil à effet boomerang ?

Malgré les quelques sorties publiques, la grande majorité des Gabonais expriment leur inquiétude face à ce prélèvement automatique. « On n’a aucune information claire sur le mode de prélèvement. Est-ce 1 000 FCFA par facture d’électricité, ou un système qui détecte si on a déjà payé ? Sans explications précises, beaucoup vont se tourner vers les branchements directs », a témoigné Aymar, résident du quartier Charbonnages. Ce compatriote dénonce une « taxe asphyxiante » qui pèse sur le panier de la ménagère, alors que les Gabonais, dit-il, sont prêts à contribuer mais manquent souvent de moyens.

C’est alors que le branchement direct, une pratique illégale consistant à connecter directement la maison au réseau électrique avec des câbles dénudés, se veut une alternative non recommandable mais très usitée. Pour faire clair, ce « vol de courant », comme il est identifié trivialement par les populations, permet de contourner les compteurs et les factures de la SEEG. Alimenté en permanence sans payer, le foyer échappe ainsi à toute facturation, rendant impossible le prélèvement de la TFH. Déjà répandue dans certains quartiers populaires en raison des fraudes historiques sur le réseau électrique, cette déviation risque de s’amplifier avec la nouvelle taxe. 

Or, ces installations anarchiques sont dangereuses puisqu’elles provoquent souvent des incendies, des électrocutions et des pertes pour la SEEG. L’entreprise a d’ailleurs initié plusieurs actions pour mettre un terme à ces fraudes via des opérations de contrôle. Face à ce risque, les autorités appellent au patriotisme fiscal, arguant que la TFH est un effort commun. Mais dans les quartiers moins aisés, où le chômage et la précarité dominent, la tentation d’échapper à cette charge est forte. Sans une communication renforcée et des mesures d’accompagnement, cette réforme pourrait non seulement échouer à mobiliser les recettes escomptées.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GMT TV

Bouton retour en haut de la page