Gabon: sureffectif, dépenses injustifiées, Pizolub saignée par ses anciens directeurs
Créée à la fin des années 70 à l’initiative des compagnies pétrolières dans l’optique de développer une chaîne de valeur autre que la production et l’extraction de pétrole brut, la société Pizolub broie aujourd’hui, du noir. Il faut dire qu’entre effectifs surdimensionnés, dépenses injustifiées et management aléatoire, la société basée à Port-Gentil, est aujourd’hui victime des nombreuses dérives de ses anciennes directions.
Censé être un fleuron de l’Économie gabonaise à travers une chaîne de valeur dont elle avait le monopole, Pizolub est aujourd’hui en proie à de nombreuses difficultés notamment financières et structurelles. Et pour cause, la société dont l’activité principale porte aussi bien sur la formulation et le conditionnement de lubrifiants, que sur la fabrication des emballages plastiques et métalliques, peine à joindre les deux bouts, du fait notamment d’un management purement aléatoire.
En effet, alors que la récente sortie des agents réclamant plusieurs mois d’arriérés de salaires laissant penser à une absence de volonté de la direction actuelle de ne pas s’acquitter de ses devoirs, la situation réelle est tout autre. Pis, elle est bien plus grave qu’il n’y paraît. Il faut dire qu’entre la chute des ventes et de la production, l’augmentation sans précédent des charges opérationnelles de la société et un niveau d’endettement abyssal, l’entreprise que dirigeait il y a encore quelques mois Guy Christian Mavioga est victime d’une gestion scabreuse.
A titre d’exemples, selon plusieurs sources proches de ce dossier, le montant des dépenses injustifiées se situerait aux alentours de 700 millions de FCFA rien que sur la période 2019-2020. Des dépenses qui, du reste, sont aujourd’hui quasiment impossibles à tracer. Côté effectifs de la « boîte », la situation n’est guère plus reluisante, puisque ceux-ci sont passés de 37 en 2015 à 152 en 2019, soit une hausse de 311%, sans aucun intérêt stratégique pour une société pourtant détenue à plus de 51% par l’État. Ce même État, engagé dans un processus d’optimisation des dépenses.
Si l’on ajoute à toutes ces dérives, le fait qu’entre 2019 et 2020, « aucun appel d’offre n’a été effectué pour les achats peu importe le montant » ou encore « l’absence de politique de provisionnement des créances, des stocks » qui est pourtant la norme, l’on obtient une entreprise gérée de manière dissonante. Résultat des courses, Pizolub fait face à une crise qui ne fait que s’aggraver, avec une situation financière sans précédent, une trésorerie négative, une société quasi à l’arrêt et surtout un niveau de dettes colossal. Toutes choses faisant, malheureusement, planer un risque de faillite savamment orchestré.