Gabon: quand DGBFiP et DGEPF se contredisent au sujet des dépenses budgétaires
Bien que censée pour l’une, concevoir les éléments de la politique budgétaire de l’Etat, élaborer les normes de préparation, d’exécution et diffuser les référentiels des documents budgétaires, et pour l’autre, analyser, orienter, promouvoir et concevoir les stratégies économiques et sociales de l’Etat, la Direction générale du Budget et des finances publiques (DGBFiP) et la Direction générale de l’Economie et de la politique fiscale (DGEPF) semblent nager à contre courant au sujet des dépenses budgétaires. Et pour cause, à l’analyse de leurs rapports respectifs à fin septembre 2020, il ressort des incohérences. Analyse!
En effet, loin d’offrir à travers leurs publications respectives une vision exhaustive de la situation réelle de l’économie du Gabon, Note de conjoncture économique pour la Direction générale de l’économie et de la politique fiscale et Rapport d’exécution budgétaire pour la Direction générale du Budget et des finances publiques, les deux directions générales censées être les poumons de la politique économique de l’Etat, présentent des informations trop souvent contradictoires.
Ainsi, à l’analyse des dépenses budgétaires à fin septembre 2020, lorsque pour la Direction générale de l’économie et de la politique fiscale elles sont évaluées à 1 366,6 milliards de FCFA, pour la Direction générale du Budget et des finances publiques elles se situent en ordonnancements à 1 175,6 milliards de FCFA et en paiements à 1 084,7 milliards de FCFA. Des chiffres présentant un écart quasiment de 282 milliards de FCFA.
Mieux, si l’on étudie au cas par cas les dépenses budgétaires en prenant en compte les salaires des agents de l’Etat, lorsque la DGBFiP évoque un règlement de 508,067 milliards de FCFA à fin septembre 2020, la DGEPF parle elle, de règlement chiffré à 520,9 milliards de FCFA sur la même période. Même cas de figure pour les dépenses de biens et services qui, en fonction de la direction générale qui les présente, se situent soit à 174,8 milliards de FCFA (DGEPF) soit à 171 milliards de FCFA (DGBFiP). Des chiffres présentant là encore un écart de l’ordre de 3,7 milliards de FCFA.
Réglées à concurrence de 95,3 milliards de FCFA selon la DGBfiP, les dépenses de transferts et subventions pour leur part, se situent selon la DGEPF autour de 165,2 milliards de FCFA, là encore avec un écart considérable de près de 70 milliards de FCFA. Sur ces seules dépenses, d’une direction à l’autre, on retrouve donc un écart de plus de 355 milliards de FCFA soit quasiment l’équivalent des recettes pétrolières situées à 401 milliards de FCFA à fin septembre.
Qu’est-ce qui justifie ces écarts en ces temps où l’information économico-financière doit être la plus crédible et la plus exacte possible ? Est-ce une négligence dans le traitement de données économiques pourtant fondamentales au regard de la situation économique du Gabon, dont la note souveraine vient d’être dégradée à CCC par Fitch Ratings Ltd, l’agence de notation financière internationale, ou simplement une pratique du copier-coller qui s’est généralisée ? Puisque du propre aveux de Jean Baptiste Ngolo Alini, l’élaboration de la Note de conjoncture économique ne tient compte que de données collectées dans le cadre d’un « sondage ».