Gabon : près de 70% des agents publics concentrés dans le Grand Libreville
Si la question de la masse salariale demeure aussi présente dans les esprits et encore plus en cette période de transition, c’est qu’au fil des ans de nombreux dérapages incontrôlés y ont été observés. Il faut dire que de moins de 40 000 en 2013, le nombre d’agents publics a été multiplié par 2,5 pour atteindre plus de 103 000 aujourd’hui. Un chiffre qui se traduit par des dépenses de l’ordre de 700 milliards de FCFA par an, mais qui cache bon nombres d’inégalités puisque sur cette grosse centaine de milliers de fonctionnaires, à peine 31% sont affectés à l’intérieur du pays contre 69% pour le seul Grand Libreville.
Rétablir l’équilibre des finances publiques afin de garantir la souveraineté économique du Gabon, accélérer la diversification et la croissance économique, réduire la pauvreté et améliorer la qualité des services publics aux citoyens, les différents plans “stratégiques” portés par le régime déchu et emboité par l’actuel régime au sommet de l’État, étaient pourtant pavés de bonnes intentions. Hélas, qui dit finances publiques dit administration publique et, qui dit administration publique dit inégalités, dérapages incontrôlés, inefficience et corruption. Il faut dire que notre administration nous a malheureusement habitués à ces dérives.
En effet, avec plus de 80% des recrutements effectués de façon directe et en totale violation de l’article 36 de la loi 8/91 du 26 septembre 1991, qui stipule que le concours est le seul moyen d’entrer à la Fonction Publique, celle-ci semble de plus en plus victime de ses propres turpitudes. Parmi elles, l’inégale répartition des agents sur le territoire national qui est un vrai sujet de discorde. Et pour cause, sur les 103 723 agents payés par le trésor public, environ 68 546 se trouvent dans la province de l’Estuaire soit 69% du total des agents. Un chiffre qui témoigne de l’inégale répartition des agents au sein de l’administration et qui génère des frustrations multiformes dans l’arrière pays.
Seulement 29 955 agents publics dans 8 provinces
Doté d’à peine 29 955 agents publics, les huits autres provinces du pays semblent donc bel et bien laissées pour compte dans la mesure où le Haut-Ogooué et ses 250 000 habitants ne comptent que 6374 agents publics, le Moyen-Ogooué et ses 69 287 habitants n’en comptent que 2412, la Ngounié et ses plus de 100 000 habitants n’en comptent que 5195, l’Ogooué-Maritime et ses plus de 157 000 âmes n’en comptent que 3468. Plus loin l’Ogooué-Ivindo et ses près de 64 000 habitants ne comptent que 1989 agents publics, l’Ogooué-Lolo (près de 66 000 habitants) en comptent 2214, la Nyanga (plus de 52 000 habitants) à peine 2613 et le Woleu-Ntem, province à forte propension économique et commerciale, 5690 agents publics pour près de 155 000 habitants.
Représentant des taux de 2% du total des agents, le Moyen-Ogooué, l’Ogooué-Lolo et l’Ogooué-Ivindo sont donc les provinces les moins pourvues en agents de l’Etat, suivies de la Nyanga (3%), l’Ogooué-Maritime (4%), la Ngounié (5%) et les provinces du Woleu-Ntem et du Haut-Ogooué qui en concentrent à peine 6% chacune, ces données révèlent une véritable absence d’optimisation du volume des agents publics et une mauvaise appréciation des besoins de l’administration. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, si l’Ogooué-Ivindo ne compte qu’un enseignant pour 41 élèves, alors même que le nombre d’élèves par enseignant maximum déterminé par l’UNESCO se situe autour de 25.