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Gabon : Oyima traque les impayés pour redonner à l’État sa souveraineté budgétaire

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Engagé dans une politique de rigueur sans précédent, le ministre d’État en charge de l’Économie, Henri-Claude Oyima, a lancé une vaste opération de recouvrement des créances fiscales dues par les opérateurs économiques. Objectif : récupérer plus de 800 milliards de FCFA d’impayés pour restaurer la crédibilité budgétaire du pays et affirmer la souveraineté financière de l’État.

Sous l’impulsion du président Brice Clotaire Oligui Nguema, Henri-Claude Oyima engage l’administration dans une traque méthodique des restes à recouvrer (RAR), dus par les entreprises pour les exercices 2023 et 2024. Selon les chiffres officiels, 530,9 milliards de FCFA restent impayés au titre de 2023 et 272,8 milliards de FCFA pour 2024, soit plus de 803 milliards de FCFA au total, un montant équivalant à près de 15 % du budget de l’État.

Ces créances concernent majoritairement les centres fiscaux de la Direction générale des impôts (DGI), dont la performance avait été mise à mal par des années de laxisme, d’exonérations sélectives et d’arrangements discrets. En lançant cette opération, le gouvernement envoie un message clair : aucun franc dû au Trésor ne sera abandonné.

Une discipline budgétaire assumée

Le ministre de l’Économie, appuyé par la Task Force, a fixé une feuille de route précise : audit exhaustif des créances pour établir une situation consolidée et vérifiable, création d’un groupe de travail dédié, chargé de planifier un apurement progressif et soutenable et renforcement de la transparence dans la collecte et la gestion des recettes.

« Ce n’est pas une opération de communication, c’est une opération de restauration de la souveraineté financière », confie une source proche du dossier. Cette rigueur s’inscrit dans une doctrine nouvelle : financer le développement par des ressources internes plutôt que par la dette. Un choix assumé, alors que la dette publique frôle déjà 72 % du PIB et que les marges d’endettement se resserrent.

Vers la fin de la complaisance fiscale

Au-delà du simple recouvrement, cette initiative vise à tourner la page de la fiscalité à la carte, où certains opérateurs échappaient à leurs obligations sous couvert de proximité politique. Pour Henri-Claude Oyima, il s’agit de refonder la relation entre l’État et le secteur privé : un partenariat basé sur la loyauté fiscale, non sur les privilèges.

Ce redressement budgétaire, s’il est mené à terme, pourrait non seulement rétablir la crédibilité de l’État, mais aussi réaffirmer son autorité économique. Car un État incapable de collecter ses propres ressources renonce, de fait, à une part de sa souveraineté.

Une souveraineté financière à reconstruire

En somme, la traque des impayés symbolise bien plus qu’une opération comptable : c’est un acte de redressement national. Le Gabon, longtemps dépendant des emprunts extérieurs et des recettes pétrolières volatiles, cherche désormais à se financer lui-même. Et si la Vᵉ République veut réellement rompre avec les errements du passé, elle devra prouver que la rigueur n’est pas qu’un mot, mais une culture d’État.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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