Gabon : Oyiba–Louembé, duel d’anciens ministres, chacun accusant l’autre d’inaction

La campagne électorale prend un tour polémique. À la suite des déclarations de Blaise Louembé, président du Parti démocratique gabonais (PDG), accusant son “petit frère” Jean-Pierre Oyiba d’avoir été ministre des Travaux publics durant « 14 ans sans rien faire », l’ancien ministre et actuel directeur de cabinet politique du président fondateur de l’UDB a répliqué. Dans une sortie le 19 septembre, Jean-Pierre Oyiba a dénoncé une attaque injuste et rappelé que les routes, comme les hôpitaux ou les écoles, sont avant tout des choix du chef de l’État, non des ministres.
« Oui, j’ai été ministre des Travaux publics. Mais je n’ai pas été pleinement ministre, car tout se décidait au niveau de la présidence », a rectifié Jean-Pierre Oyiba, rappelant avoir quitté le gouvernement dès 2016 après avoir refusé un mode de fonctionnement qu’il jugeait contraire à ses valeurs. Face aux accusations de Blaise Louembé, il tranche : « Un ministre implémente la feuille de route fixée par le chef de l’État. C’est le président qui décide de construire une route, une école ou un hôpital. »
En contre-attaque, l’ancien patron des TP a renvoyé Blaise Louembé à ses propres responsabilités passées. « Mon grand-frère a été tout-puissant ministre de l’Économie, des Finances et du Budget, puis ministre des Sports. Mais je n’ai pas vu un plateau sportif construit à Koulamoutou. Pourquoi alors m’accuser d’inaction ? », a-t-il précisé. Une charge qui replace le débat sur le terrain des bilans.
« Le débat politique doit être un débat de projets »
Tout en regrettant que la campagne bascule dans les attaques personnelles, Jean-Pierre Oyiba a tenu à rappeler l’esprit de la transition politique en cours. « Le président Oligui Nguéma veut une élection apaisée, transparente, respectueuse des valeurs de paix et de convivialité. Ce que nous devons proposer aux Gabonais, ce sont des projets, pas des polémiques », a-t-il martelé.
Dans cette joute entre deux figures politiques, le fond du débat reste pourtant crucial : qui porte la responsabilité des retards d’infrastructures au Gabon ? En déplaçant la charge sur les choix présidentiels et le budget voté par le Parlement, Oyiba tente de recentrer la discussion sur l’importance d’une majorité forte pour accompagner le projet du chef de l’État.
Entre Blaise Louembé et Jean-Pierre Oyiba, ce duel symbolise une bataille plus large : celle de la légitimité dans un paysage politique en recomposition, où le nom du président de la République ne peut se substituer à l’exigence de bilans concrets et de projets crédibles.
GMT TV