Gabon : Nkoghe Bekale prône l’unité nationale face aux dérives tribalistes
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Alors que les tensions identitaires secouent la capitale économique du Gabon, Port-Gentil, l’ancien Premier ministre Julien Nkoghe Bekale a publié un message fort sur sa page Facebook ce mercredi 26 février 2025, appelant à l’unité nationale et à la fin des clivages ethniques. Une sortie qui contraste avec les propos controversés du ministre des Affaires étrangères, Régis Onanga Ndiaye, à l’endroit des communautés Merié-Metié, déjà dénoncés par plusieurs figures politiques, dont le candidat déclaré à la présidentielle Noël Bertrand Boundzanga et l’ancien député Hass Nziengui.
Un appel à dépasser les divisions ethniques. Dans son message intitulé « Unité nationale et cohésion : notre force, notre futur », Julien Nkoghe Bekale a mis en garde contre une montée préoccupante des logiques communautaires qui risquent de compromettre la stabilité du pays. « Le Gabon ne se construira que dans l’unité », a-t-il insisté, déplorant le fait que « chacun se replie sur son groupe, son clan, son ethnie, comme si notre avenir devait se construire en silos, séparément ».
L’ancien Premier ministre a souligné que la diversité culturelle et ethnique du Gabon devait être une richesse et non un facteur de division. Selon lui, les tensions identitaires sapent les bases du développement et mettent en péril l’avenir du pays. « Il n’y aura ni prospérité, ni progrès si nous ne comprenons pas que le Gabon est notre héritage commun », a-t-il poursuivi.
Cet appel à l’unité intervient dans un contexte où les discours identitaires se multiplient, notamment avec la récente intervention du ministre des Affaires étrangères Régis Onanga Ndiaye à Port-Gentil, accusé d’avoir tenu des propos à connotation tribaliste.
Les propos controversés de Régis Onanga Ndiaye
Le 22 février dernier, lors d’une rencontre citoyenne organisée à la foire municipale Pierre-Louis Agondjo Okawe, Régis Onanga Ndiaye a appelé au respect des « autochtones », des déclarations largement perçues comme une attaque à peine voilée contre la communauté Merié-Metié. « Quelle que soit la province, il y a des autochtones et il y a les autres. Vous formez une alliance contre qui ? Par rapport à qui dans l’Ogooué-Maritime ? », avait-il lancé, alimentant ainsi un climat déjà tendu dans la province.
Des propos jugés « tribalistes et communautaristes » par plusieurs personnalités politiques, à commencer par Noël Bertrand Boundzanga, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, qui a fermement condamné ce discours. « L’ethnie ne doit pas être un critère d’exclusion ou de privilège. Ce genre de discours divise et ne correspond pas aux valeurs républicaines », a-t-il déclaré.
L’ancien député Hass Nziengui a lui aussi dénoncé une intervention aux relents identitaires qui « sape l’unité nationale et alimente des frustrations inutiles ». « Comment peut-on prétendre prôner l’unité tout en segmentant les Gabonais en autochtones et en étrangers chez eux ? », s’est-il interrogé.
L’unité nationale, un enjeu central à quelques semaines de la présidentielle
À moins de deux mois du scrutin présidentiel, le débat sur l’unité nationale s’impose comme un enjeu majeur. La déclaration de Julien Nkoghe Bekale s’inscrit dans une volonté de recentrer le discours politique sur l’intérêt général, au moment où certains acteurs semblent vouloir instrumentaliser les identités ethniques à des fins électoralistes.
L’ancien Premier ministre a lancé un appel à la responsabilité collective, exhortant dirigeants, cadres et citoyens à œuvrer pour un Gabon uni. « Cessons de penser en termes de ‘nous’ contre ‘eux’. Pensons en termes de ‘nous tous ensemble’ », a-t-il martelé, en opposition aux divisions alimentées par des discours identitaires.
Alors que les tensions ethniques restent une menace latente, la position de Nkoghe Bekale et les critiques de Boundzanga et Nziengui démontrent que l’unité nationale demeure une exigence fondamentale pour garantir un avenir stable et prospère au Gabon.
GMT TV