Gabon : l’UDB à la conquête du pouvoir, l’EPG de Bilie-By-Nze en contre-offensive

Adossée à l’appareil d’État, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) avance à marche forcée vers la victoire aux prochaines législatives et locales. Mais face à cette montée en puissance, une opposition offensive renaît, menée par Alain-Claude Bilie-By-Nze et son mouvement Ensemble Pour le Gabon (EPG). La bataille pour la légitimité démocratique est lancée.
L’UDB : une machine politique en formation au service du pouvoir. À peine sortie des cartons, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), adoubée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, s’affiche déjà comme le bras politique de l’exécutif. Fondée le 5 juillet 2025, la formation s’impose comme le pivot du système en transition, surfant sur l’absence d’alternatives structurées et le délabrement des partis traditionnels. Dotée de relais administratifs efficaces, appuyée sur les leviers de l’État, l’UDB s’emploie à quadriller le territoire dans une stratégie de contrôle sans partage.
Mais derrière ce déploiement méthodique se dessine une ligne trouble. Le parti semble tout absorber, sans sélection ni idéologie. Fidèles recyclés, anciens apparatchiks du PDG, technocrates en quête de positionnement… tout le monde est le bienvenu, pourvu qu’il s’aligne. Résultat : une structure puissante mais floue, dont l’ambition de réforme peine à se traduire en projet politique identifiable.
Face au rouleau compresseur, Bilie-By-Nze sonne la charge
Dans ce contexte, l’unanimisme en construction, Alain-Claude Bilie-By-Nze choisit la rupture. En lançant Ensemble Pour le Gabon (EPG), l’ancien Premier ministre se dresse contre ce qu’il nomme « l’autoritarisme en treillis ». Rompant ouvertement avec le pouvoir militaire, il pose les fondements d’un contre-pouvoir assumé, articulé autour d’un discours offensif, d’un militantisme urbain agile et d’une communication numérique maîtrisée.
EPG se présente comme l’un des rares pôles de résistance, en opposition frontale avec la logique d’alignement promue par l’UDB. À défaut de disposer d’un réseau territorial solide, le mouvement capitalise sur sa clarté idéologique et sa capacité à mobiliser une jeunesse urbaine en quête d’alternatives crédibles. Une stratégie risquée, mais qui renforce sa lisibilité dans un paysage politique confus.
Entre vide doctrinal et hégémonie rampante, quel projet pour l’UDB ?
Le danger pour l’UDB ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. À force de s’ériger en parti unique sans colonne vertébrale, elle pourrait bien incarner non pas la rupture attendue, mais une reconduction silencieuse des pratiques d’hier. Car quelle est sa vision ? Quelle place pour le débat, la critique, le dissensus ? En l’état, le parti ressemble davantage à une machine électorale au service d’un homme qu’à une formation républicaine fondée sur des idées.
Pendant ce temps, l’Union Nationale (UN) tente de renaître dans la prudence, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) s’enfonce dans l’agonie, et REAGIR s’efface, digéré par le pouvoir. Le vrai duel semble donc se jouer entre une UDB en quête d’hégémonie et un EPG en quête de légitimité.
À l’épreuve des urnes, la démocratie gabonaise ne sera pas jugée seulement sur les résultats, mais sur sa capacité à faire vivre un pluralisme réel. Si l’UDB veut être autre chose qu’un avatar de l’ancien système, elle devra faire la preuve de son ouverture. Faute de quoi, la « refondation » tant vantée ne sera qu’un slogan de plus dans l’histoire d’un pays trop souvent trahi par ses promesses de rupture.
GMT TV