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Gabon : l’État doit-il continuer d’investir dans la Sogatra ?

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La société gabonaise de transport (sogatra) peine à fonctionner de manière optimale depuis des années. Entre gestion scabreuse et grèves à répétition, le fonctionnement de cette entreprise de transport public est fortement compromis. Dans ce contexte, l’opinion se questionne, notamment sur la suppression définitive de cette entité afin de permettre à l’Etat gabonais de réduire ses dépenses. D’autant qu’il faudrait encore une enveloppe de près de 6 milliards de FCFA afin de la maintenir dans son coma artificiel en 2024.

Si le rapport d’audit réalisé par le ministère des transports a permis de mettre en lumière la haute mafia qui règne au sein de la Sogatra, il a surtout mis en lumière, une fois de plus, les nombreux dysfonctionnements au sein de cette structure. Créée en 1997, cette entreprise publique peine à se mettre aux normes en matière de gestion et d’orthodoxie financière, se laissant volontiers aller à des détournements et autres dérapages substantiels.

Les taxis compteurs : une mue ratée en 2014

En effet, vieille de près de 27 ans, cette entreprise pourtant dotée d’une importante flotte de bus censée lui permettre de développer le transport interurbain et périurbain, n’a jamais véritablement décollé au point de devenir un sérieux concurrent aux transporteurs privés qu’on attendait. Preuve de cet échec, la mue ratée vers les taxis compteurs. Des taxis qui se sont d’ailleurs volatilisés deux ans plus tard. 

Dans ce contexte, alors que ses responsables réclament à l’Etat près de 6 milliards de FCFA, l’opinion publique se questionne donc sur la nécessité de maintenir en vie, une entreprise sous assistance depuis plus de 20 ans. Une entreprise qui a pourtant dégagé 4,6 milliards de FCFA et 5,1 milliards de FCFA respectivement en 2020 et 2021 seulement en dépenses de personnel. A noter que près de 3 milliards de FCFA ont également été injectés en biens et services sur la même période.

Le gouvernement appelé à faire un choix de raison

Le Comité pour la transition et la restauration des institutions qui tient à la renaissance de la Sogatra, devra donc prendre en compte tous ces paramètres avant d’engager des fonds du contribuable dans une entreprise qui peine à répondre aux attentes. Une entreprise d’ailleurs concurrencée par une autre entreprise étatique, en l’occurrence TransUrb, qui elle aussi, peine à créer les conditions du développement du transport urbain et périurbain. 

Si le ministre des Transports Dieudonné Loïc Moudouma,  a rappelé que « la Sogatra est une société citoyenne, au service du peuple qui contribue à la création d’emplois », il serait judicieux que le membre du gouvernement ne fasse pas abstraction des réalités présentes au sein de cette entreprise. Soulignons que la société est endettée à plus de 65 milliards de FCFA, cotisations sociales comprises. Pour espérer  fonctionner normalement, l’entreprise sollicite 300 bus en parfait état de marche. Un rêve abstrait.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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