Gabon : les hommes, victimes silencieuses des violences conjugales
Bien que souvent sous-représentée dans les discussions sur la violence conjugale, la souffrance des hommes victimes au Gabon mérite une attention accrue. Les recherches sur ce phénomène sont rares, mais des données tirées d’études internationales soulignent l’existence d’une réalité troublante : un nombre significatif d’hommes subissent des violences conjugales, tout en étant souvent réticents à en parler.
Il faut dire que le mémoire présenté le 4 juin 2025 par Prisca Mabambatsi M’Kanza, étudiante en Master 2 Professionnel de Psychologie Clinique à l’Université Omar Bongo (UOB), jetait déjà un éclairage nouveau sur cette problématique. Intitulé « Les enjeux psychologiques d’une maltraitance conjugale chez un homme en instance de divorce », le travail de cette jeune étudiante abordait un sujet tabou avec rigueur et sensibilité, démontrant que le phénomène n’est pas l’exception, mais fait partie intégrante d’un débat plus large sur la violence basée sur le genre.
Selon des études menées dans des contextes variés, la prévalence de la violence physique conjugale envers les hommes varie entre 3,4% et 20,3 %. Bien que ces chiffres soient issus de recherches externes, ils reflètent une réalité qui mérite d’être examinée davantage dans les sociétés africaines, y compris au Gabon. Parmi les facteurs de risque identifiés, un grand nombre d’hommes ayant subi des violences conjugales admettent avoir eux-mêmes été agressifs envers leur partenaire, ce qui complique la dynamique des abus et des violences.
Dans son mémoire, l’étudiante soulignait que « dans nos sociétés africaines, la figure de l’homme est souvent associée à la force, à l’autorité, à la domination. Parler d’un homme victime de violence conjugale, c’est presque un interdit. On pense que ça “n’existe pas chez nous”, ou qu’un homme qui subit est “faible”. ». Cette perception sociale constitue un des principaux obstacles empêchant les victimes masculines de s’exprimer et de chercher de l’aide.
Obstacles et défis pour les victimes masculines
Les hommes victimes de violence conjugale rencontrent de nombreux défis dans leur démarche de recherche d’aide. Parmi eux, la honte et la stigmatisation jouent un rôle prépondérant. Les normes de genre et les stéréotypes associés à la masculinité leur font souvent ressentir un profond malaise à évoquer leur situation. Cette peur de ne pas être pris au sérieux ou d’être jugés les pousse à garder le silence.
De plus, il existe un manque cruel de ressources adaptées. Au Gabon, comme dans d’autres pays, les structures de soutien pour les hommes victimes sont limitées. Peu d’espaces sécurisés leur permettent de trouver refuge ou d’accéder à des services d’aide psychologique. La problématique de la violence conjugale, qu’elle touche les femmes ou les hommes, nécessite une réponse collective, qui remet en question les normes établies et promeut une culture de sécurité et de soutien pour tous.
Alors que la société gabonaise entame un dialogue nécessaire sur cette question, il est essentiel de reconnaître que la lutte contre la violence conjugale ne doit pas se limiter à un genre ou à un type de victime. Tous les témoignages comptent, et l’action doit être collective pour apporter un changement durable.









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