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Gabon : les conditions de création et maintien des partis politiques assouplies 

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Au terme de 10 jours de travaux, les commissaires chargés de proposer un avant-projet de loi sur les partis politiques ont rendu leur copie au président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema. Conformément au décret n°0231/PR du 14 mai 2025, cette commission avait entre autres pour missions d’extraire du rapport du Dialogue National Inclusif les conclusions relatives à la refonte des partis politiques et faire des propositions d’actualisation et de réforme en matière de partis politiques.

L’avant-projet remis au chef de l’État marque un assouplissement sensible par rapport aux recommandations issues du Dialogue national inclusif. Là où ce dernier exigeait au moins 18 000 adhérents pour la création d’un parti politique, les commissaires ont finalement retenu un seuil de 9 000 adhérents. De même, les conditions de maintien ont été revues à la baisse m. Ainsi, au lieu de cinq parlementaires et trente élus locaux, un parti devra désormais présenter au minimum un parlementaire et quinze élus locaux pour continuer d’exister légalement. Ces ajustements traduisent une volonté d’équilibrer la rigueur institutionnelle avec les réalités du terrain politique gabonais.

Des partis influents dans la réforme

Cet allègement des conditions n’est pas fortuit. Il est le résultat d’un rapport de force subtil entre les représentants de l’État et ceux des partis politiques siégeant au sein de la commission. En effet, sur les 34 commissaires désignés, une partie représentait les formations politiques, souvent parmi les plus anciennes ou les plus structurées du pays, et qui justifient d’un poids politique important dans le paysage politique national. Dès leur réunion préparatoire du 8 mai 2025, les partis politiques avaient d’ailleurs annoncé les couleurs en martelant fermement leur intention de ne pas céder à la pression d’où qu’elle vienne. Le poids de ces chefs de partis dans les négociations a certainement contribué à atténuer les exigences d’adhésion et de représentation, afin d’éviter une marginalisation massive des partis existants.

Cette dynamique souligne le rôle crucial joué par les partis dans le façonnement de la nouvelle architecture politique. Tout en validant le principe de blocs idéologiques, qui constitue en réalité la pierre angulaire du projet de restructuration, les commissaires ont veillé à introduire une certaine souplesse. L’enjeu, selon plusieurs participants, était de garantir une réforme inclusive, mais qui permette de réellement rationaliser le paysage politique sans pour autant provoquer une extinction brutale des petites formations. Le texte final s’annonce donc comme un compromis politique, tenant compte des aspirations à la réforme, mais aussi des équilibres internes du paysage partisan gabonais. Le sort de ce texte reste désormais entre les mains de l’exécutif et du parlement de Transition. 

Karl Makemba

Engagé et passionné, Karl Makemba met son expertise et sa plume au service d’une information rigoureuse et indépendante. Fidèle à la mission de Gabon Media Time, il contribue à éclairer l’actualité gabonaise avec une analyse approfondie et un regard critique. "La liberté d'expression est la pierre angulaire de toute société libre." – Kofi Annan

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