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Gabon : les avocats dénoncent une justice prise en otage par les magistrats grévistes

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Alors que la grève des magistrats du Syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG) paralyse le fonctionnement de la justice depuis le 14 janvier 2025, le bâtonnier de l’ordre des avocats du Gabon, Me Raymond Obame Sima, a tiré la sonnette d’alarme. Lors d’une assemblée générale tenue ce lundi 24 février 2025 à Libreville, les avocats ont exprimé leur profond désarroi face à ce blocage inédit, qui prive les citoyens d’un accès à la justice et met en péril les droits fondamentaux des justiciables.

Une paralysie inquiétante du système judiciaire. Décrivant une situation devenue insoutenable, Me Obame Sima a fustigé l’impact de cette grève sur le fonctionnement des tribunaux. « Les avocats sont contraints de rester chez eux, sans activités. Les justiciables, y compris ceux qui devraient être libérés, sont bloqués dans les prisons. Pire encore, les déferrements continuent, mais sans perspective de jugement dans des délais raisonnables. C’est une situation inacceptable », a-t-il dénoncé.

Les avocats regrettent également l’absence de service minimum, qui aurait permis de traiter les affaires urgentes et d’éviter que des innocents ou des détenus en attente de jugement ne soient indéfiniment maintenus en prison.

Des revendications légitimes, mais un blocage illégal

S’ils reconnaissent la précarité des conditions de travail des magistrats, les avocats estiment que le droit de grève ne doit pas paralyser totalement la justice. Me Obame Sima rappelle que la loi prévoit un cadre précis pour l’exercice de ce droit, lequel n’a pas été respecté dans ce cas. « La loi doit être respectée par tous, y compris par ceux qui l’appliquent. Nous ne sommes pas contre les revendications des magistrats, mais nous ne pouvons pas accepter que la justice soit prise en otage », a-t-il poursuivi. 

Il a également évoqué les difficultés rencontrées par les magistrats, notamment les horaires de travail éprouvants et l’absence de moyens logistiques adaptés, en soulignant qu’il n’est pas rare de voir des juges terminer des audiences tard dans la nuit et rentrer chez eux dans des conditions précaires.

Vers une médiation pour débloquer la crise

Conscients de la gravité de la situation, les avocats ont proposé de jouer un rôle de médiateurs entre le gouvernement et les magistrats afin de trouver une issue à cette crise. « Nous allons rappeler au gouvernement et aux magistrats leurs responsabilités respectives. Une solution doit être trouvée dans les plus brefs délais pour rétablir le fonctionnement de la justice », a proposé le bâtonnier de l’ordre des avocats du Gabon. 

Alors que le bras de fer se poursuit, il devient urgent pour les autorités de répondre aux préoccupations des magistrats tout en garantissant aux citoyens leur droit fondamental à un procès équitable dans des délais raisonnables.

Henriette Lembet

Journaliste Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste...

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