Gabon : le rythme de la consolidation budgétaire est-il aligné sur les besoins de la reprise économique ?
Le 28 juillet 2021, le Fonds monétaire international (FMI) approuvait un accord élargi de trois ans au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) en faveur du Gabon. Axée autour d’un montant de 388,8 millions de DTS soit environ 553.2 millions de dollars américains et près de 345 milliards de FCFA, représentant 180% de la quote-part du pays, cet accord était adossé à des conditions sous-jacentes. Parmi ces conditions, la mise en œuvre de réformes d’une part et la résolution des problèmes structurels existants depuis de longue date, notamment en alignant le rythme de consolidation budgétaire sur les besoins de reprise économique, de l’autre. Près de trois ans plus tard, qu’en est-il?
C’est dans l’optique de faire face à la crise de la pandémie de COVID-19 et soutenir la mise en œuvre de la stratégie de relance économique (PAT 2021-23) des autorités, que le Fonds monétaire international (FMI) approuvait en juillet 2021, un accord élargi de trois ans au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) en faveur du Gabon. Avec pour effet, un décaissement immédiat d’environ 115.25 millions de dollars américains pour l’appui budgétaire, soit près de 72 milliards de FCFA, cet accord sous-tendait que les autorités gabonaises mettent l’accent sur des réformes fortes et vigoureuses.
En effet, pour soutenir le redressement post-pandémique du pays et ancrer la mise en œuvre de réformes, le conseil d’administration du Fonds invitait les autorités à « aligner les besoins de la reprise économique au rythme de la consolidation budgétaire ». En d’autres termes, les autorités avaient pour mission principale de mettre en œuvre une politique budgétaire plus ambitieuse capable de soutenir la reprise économique à court terme, visant notamment à réduire le niveau de la dette publique et les vulnérabilités macroéconomiques. A plusieurs points de vue, celles-ci se sont plutôt attachées à accentuer les vulnérabilités.
De la nécessité de réduire le train de vie de l’État
Creusant par la même occasion le fossé entre la minorité la plus défavorisée et la majorité la plus nantie à travers divers mécanismes ayant eu pour conséquence de fragiliser un peu plus le tissu social et la précarisation des emplois, ces politiques budgétaires n’ont pas été à même d’assurer une croissance forte et inclusive. Encore moins d’améliorer la gouvernance et la transparence visant à renforcer la mobilisation des recettes intérieures et l’efficacité des dépenses.
Jeté aux calendes grecques, cet accord qui a contribué à alourdir un peu plus la dette extérieure, apparaît aujourd’hui comme étant celui ayant permis au pouvoir déchu de renforcer des assises qui au final manquaient de vigueur. Ayant hérité d’une véritable patate chaude, les nouvelles autorités gabonaises devront donc effectuer les arbitrages nécessaires pour renforcer la compétitivité du pays, mais surtout réhabiliter un tissu social exclusif pour une grande partie de la population. Pour ce faire, un premier message serait de réduire le train de vie de l’État, qui malgré le changement de régime, reste toujours aussi dispendieux.