Gabon : le « privilège PDG », facteur des inégalités sociales ?
Créé le 12 mars 1968, quelques années après l’indépendance du pays, le Parti démocratique gabonais (PDG), semble plus que jamais enraciné aussi bien dans les mœurs que dans la société gabonaise. Dénommé « parti de masse » par ses partisans, ce parti-État jouit de tels privilèges qu’il est difficile au Gabon, de réussir d’une quelconque manière sans y être affilié. Une affiliation loin d’être positive puisqu’en plus de masquer les inégalités sociales, à l’image du « privilège blanc » aux États-Unis par exemple, elle les entretient au quotidien de manière pernicieuse.
Fondé par celui qui dirigea le Gabon pendant une bonne quarantaine d’années, à savoir : Omar Bongo Ondimba, père de l’actuel président de la République Ali Bongo Ondimba, le Parti démocratique gabonais s’est depuis enraciné dans la culture, les mœurs et la société gabonaise. Jouissant d’innombrables passes droits malgré une popularité qui, objectivement, ne cesse de décliner, ce Parti-État offre à ces nombreux partisans, une forme de privilège indu et d’avantages systématiques, uniquement parce qu’ils en sont « membres ».
En effet, outre les principaux postes administratifs et de responsabilité qui leurs sont octroyés de manière automatique, même lorsque les compétences ne sont pas au rendez-vous, les membres de ce parti, jouissent de tels privilèges qu’il est aujourd’hui impensable, pour certains jeunes, de « réussir dans le pays sans y être encartés ». Un constat accablant qui envenime chaque jour les tensions et clivages au sein d’une société de plus en plus disparate. Largement représenté au sein du pouvoir politique et exécutif, à tel point que même les opposants y font leur entrée quand ils n’en étaient pas déjà membres, « le parti au pouvoir » rafle tout.
Tenant mordicus à ce même pouvoir qu’ils détiennent d’une main de fer depuis cinquante ans, pour des résultats plus que mitigés au regard du peu de réalisations comparativement au nombre effarant de promesses, ses barons se sont d’ailleurs récemment pliés à un exercice de bilan de celui qu’ils considèrent comme leur « champion ». Briguant un troisième mandat après deux échecs consécutifs, ce dernier tient, aux yeux de ses affidés, un « bilan globalement positif », alors même que le pays, plus endetté que jamais (plus de 7000 milliards de nos francs à ce jour), connaît un écart considérable entre la minorité, la plus nantie et la majorité paupérisée.
Véritable avantage indu, en plus d’être un passe-droit dévalorisant les compétences d’un pays dont le leader voulait en faire une « méritocratie », le « privilège PDG » qui s’aligne sur le « privilège altogovéen » qui lui aussi est profondément enraciné, semble plus que jamais faire partie de la société gabonaise. Même si ses plus fervents partisans veulent le nier, l’ignorer, ou faire croire qu’il n’existe pas, aujourd’hui, au Gabon, être membre du PDG signifie « hériter d’un système de domination qui procure des bénéfices ». Il n’y a qu’à voir les retours d’opposants « dans la maison du père ».