Gabon: le contrat juteux de Gab’Oil qui risque de déstructurer le secteur des hydrocarbures
Filiale de Gabon Oil company (GOC), Gab’Oil aurait procédé la semaine écoulée à Dubaï à la signature d’un contrat d’importation de produits pétroliers avec la société Al Asma Group afin raffermir son positionnement dans le secteur. Une convention de partenariat qui ne manque pas toutefois de susciter des questionnements tant elle devrait amener Gab’Oil à marcher sur les plates bandes d’autres entreprises étatiques dont la survie n’est conditionnée que par un refinancement de leurs activités par l’Etat.
C’est en compagnie de deux de ses collaborateurs à savoir, selon nos sources, son conseiller juridique et le responsable des ressources humaines que le directeur général du marketeur national Emmanuel Gégé Adétélobé se serait rendu aux Emirats Arabes unis dans l’optique de procéder à la signature de cet important contrat de partenariat dont les clauses porteraient sur « l’importation de produits tels que l’essence, le gasoil, le carburéacteur GPL, le mazoute et les lubrifiants moteur ».
Conclu avec la Société émirati Al Asma Group représentée par Mohammed Rafnas, dont la filiale africaine serait selon nos sources Emarat, ce contrat serait entaché d’irrégularité. En effet, il aurait été passé de gré à gré, donc sans aucun appel d’offre en violation du décret n°00027/PR/MEPPDD du 17 janvier 2018 portant Code des marchés publics. Faut-il rappeler que l’article 7 du présent Code dispose que « la passation d’un marché public est obligatoire pour toute commande de travaux, de fournitures, de prestation intellectuelles ou de services » et que son article 4 confirme effectivement que cette disposition s’applique « à l’achat de produits pétroliers dénommés super carburant, essence ordinaire, gasoil et autres produits dérivés ».
Comment la signature d’une telle convention a-t-elle pu se faire sans qu’à la présidence de la République ou encore au ministère en charge des Hydrocarbures, des décideurs n’aient été au courant pour constater la situation de concurrence déloyale et le dépassement d’objet social de nature à déstructurer le secteur des hydrocarbures au point de pousser des entreprises étatiques historiques qui exercent dans ce segment en l’occurrence la Société gabonaise de raffinage (Sogara) ou encore PIZOLUB à mettre la clé sous le paillasson?
Avec le positionnement que voudrait s’arroger Gab’Oil dans ce segment de commercialisation des produits pétroliers de nombreux observateurs craignent que ces deux entreprises déjà fragilisées ne disparaissent avec le risque de perte de milliers d’emplois et avec comme conséquences une crise sociale sans précédent et cela à quelques mois des échéances électorales. Toutes choses qui seraient imputables à Ali Bongo Ondimba, en passe de briguer un troisième mandat à la magistrature suprême.