Gabon: l’ancien chauffeur de «BLA» gardé à vue plus de 9 mois et torturé
Présenté à la barre le vendredi 27 mai dernier, l’ancien chauffeur de Brice Laccruche-Alihanga a livré un témoignage glaçant à propos du traitement qui lui aurait été infligé par des éléments de la Direction générale de la contre ingérence et la sécurité militaire (DGCISM). Pendant 9 mois de garde-à-vue, le sergent-chef, Niarra Mackoundji Lemerre, aurait été passé à tabac et a vu son dos scarifié pendant que le Procureur de la République et ses avocats tentaient de s’enquérir de son état.
Être proche de l’ancien Directeur de cabinet du président de la République Ali Bongo Ondimba suffit-il à être considéré comme un complice ? C’est la question qui taraude les esprits de la famille du Sergent-chef de la Garde républicaine Niarra Mackoundji Lemerre écroué à la prison centrale de Libreville pour concussion et blanchiment d’argent présumés. Pourtant, tout au long de son procès public, le jeune homme s’en est défendu à la barre en faisant la lumière sur ses avoirs et des sommes données par le Palais du bord de mer pour son « patron ».
Seulement, l’intéressé n’a pas manqué de ressasser une part des faits savamment masquée jusqu’à lors. Il s’agit des actes de torture dont il aurait fait l’objet. Dans des documents confidentiels évoqués au cours du procès et dont Gabon Media Time a pu prendre du contenu, ses conseils avaient saisi le Procureur de la République André Patrick Roponat afin que cessent les tortures sur leur client et qu’ils puissent le rencontrer. Ce à quoi, le maître de poursuites avait fait un soit transmis à l’administration querellée pour s’enquérir de la situation.
Cette requête n’aurait pas dissuadé les éléments de la Direction générale de la contre ingérence et la sécurité militaire trivialement appelé « B2 ». En effet, ces derniers auraient tenté d’obtenir des aveux sous l’impulsion de la violence. Ce calvaire inhumain aurait duré 9 mois. « Si vous regardez son dos, vous allez voir les brûlures. Il a été torturé, brûlé au dos à l’aide de mégots de cigarettes, sans jamais recevoir même de visites familiales durant tout ce temps », a souligné un de ses avocats.
Pour sa part, Me Anges Kévin Nzigou, au cours d’une interview accordée au médias au sortir de l’audience, s’est indigné face à l’impunité qui règne autour de cette caste d’agents de forces de l’ordre. Lesquels s’arrogent le droit d’infliger des tortures aux individus sous prétexte qu’ils seraient « aux ordres ». À ce propos, Me Henri Charles Gey a déclaré « c’est une victime collatérale d’une affaire qui se passe au-dessus de nous », a-t-il fustigé. Pour l’heure, le procureur de la République semble largué par la tournure extrajudiciaire de cette affaire. Le verdict sera connu le 10 juin prochain.