Gabon : l’administration publique, un fonds de commerce pour les hauts fonctionnaires?
Même si le Gabon a fait des progrès en termes de réformes administratives et de modernisation, il continue de faire face à des défis en matière de gouvernance et d’efficacité comparés à d’autres pays africains. Son administration publique reste aux antipodes des attentes et des besoins les plus urgents. L’une des causes principales reste le fait que certains hauts fonctionnaires aient décidé d’en faire un fonds de commerce. Corruption et malversations, mauvaise gestion des ressources, gaspillage et autres dérapages budgétaires. Les dérives sont nombreuses.
L’efficacité de l’administration publique gabonaise est un sujet loin d’être anodin dans le contexte actuel de transition, de restauration des institutions et d’aspirations de diversification économique. L’efficacité de l’administration publique peut avoir un impact profond et positif sur notre économie. Pourtant, malgré cette nécessité, l’administration publique gabonaise reste à quelques égards près, une simple variable d’ajustement politique. Depuis l’arrivée du CTRI, ce sont 8000 nouveaux fonctionnaires qui ont été recrutés pour une masse salariale de 771 milliards de FCFA.
Si d’un certain point de vue, ces régularisations administratives permettront de renforcer des secteurs administratifs en sous-effectif, les soupçons de clientélisme et de népotisme doublés de recrutement politique interrogent de plus en plus. Il faut dire qu’il est aujourd’hui impossible, même pour le ministre des Comptes publics, Charles Mba, de savoir avec exactitude le nombre d’agents que compte l’administration gabonaise. Tant et si bien que certains fonctionnaires en ont fait un fond de commerce. Certains individus proches du pouvoir, obtiennent ainsi des positions et des avantages au détriment de la méritocratie et de l’efficacité.
Corruption endémique et malversations entretenues
Dans les transactions administratives, la corruption se révèle être un puissant levier de malversations avec des pots-de-vin et des détournements de fonds qui altèrent l’intégrité des opérations publiques. La taskforce sur la dette intérieure en a fait la démonstration. Le manque de transparence dans la gestion des finances publiques et des contrats entraîne de la même manière, l’enrichissement à vitesse grand V de certains groupuscules qui, aux frais d’un Etat qui aspire pourtant à diversifier son économie, s’engraissent et en profitent. Combien de véhicules à plus de 60 millions de FCFA l’unité compte l’administration gabonaise? Quel Etat peut-il dépenser l’équivalent du chiffre d’affaires d’une PME dans le véhicule d’un individu travaillant pour un peuple dont les ⅔ vit avec moins de 3000 FCFA par jours?
Confirmant ce gaspillage et ces dérapages budgétaires substantiels tant décriés sous le régime Bongo-PDG, en plus d’une gestion inefficace des ressources et des fonds publics, ces dérives peuvent conduire et c’est souvent le cas d’ailleurs, à des projets mal exécutés et à des dépenses injustifiées, renforçant l’idée que l’administration est exploitée comme une ressource économique personnelle. Une situation en grande partie liée au manque de responsabilité et de contrôle, à la faiblesse des mécanismes de contrôle et surtout à l’absence de sanctions pour les pratiques abusives ou corruptives.